ROIS ET REINE est composé de deux histoires disjointes :
D'une part, le couronnement de NORA Cotterelle, qui est annoncé au début du film : elle va se marier bientôt avec un homme qui lui convient, enfin !
Et d'autre part, la déchéance de ISMAEL Vuillard, qui est interné par erreur dans un asile psychiatrique, et va en sortir en piètre état...
Ces deux intrigues se rejoignent au mitan du film, quand Nora vient visiter Ismaël, et lui proposer l'adoption de son fils, ELIAS.
Nous comprenons ainsi que Nora et Ismaël furent amants il y a quelques années...
Puis les histoires se disjoignent à nouveau.
Nous suivons Nora, qui doit faire face à l'agonie de son père.
Et les souvenirs lui remontent à la mémoire. La voilà enfermée à Grenoble, assourdie de solitude, assaillie par les fantômes du passé. C'est la partie sombre du film, et Nora est pourtant un personnage lumineux...
Ismaël, qui est persuadé d'être un personnage tragique, s'accommode plutôt bien de l'hôpital. Il vit joyeusement sa faillite, les trahisons, tombe d'une péripétie à l'autre, toujours grotesques et toujours comiques.
Enfin, Nora et Ismaël se retrouvent une deuxième et dernière fois, pour conclure le film : Ismaël refuse d'adopter Elias.
Il doit dire à l'enfant qu'il ne peut rien pour lui, et cet aveu d'impuissance lui semble être le meilleur cadeau, le plus honnête, qu'il ait à lui offrir.
Deux films donc, collés l'un à l'autre. Une femme qui plonge dans ses tragédies enfouies; et un homme qui vit des aventures dérisoires.
Nora, qui est si lumineuse et libre, et que tout vient enfermer ; Ismaël qui se croit en prison, et file sans le savoir vers sa liberté.
Et un problème ténu, qui court souterrainement pendant tout le film, et unit ces deux histoires : la question insoluble de l'adoption d'Elias.