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Elle est la plus rousse, la plus myope, la plus sentimentale, la plus menteuse, la plus vraie, la plus déroutante, la plus obstinée, la plus inquiétante des héroïnes. La dame dans l’auto n’a jamais vu la mer, elle fuit la police et se répète sans cesse qu’elle n’est pas folle… Pourtant… « Il n’y a pas cinquante grands auteurs de romans noirs en France. J’ai grandi en lisant des polars de Jonquet, de Manchette et de Japrisot. Ils m’ont nourri au point qu’une partie de mon imaginaire leur doit énormément. L’idée du double (qu’on trouve dans beaucoup de mes BD et dans mes films), l’idée du rêve, de la culpabilité : tout cela vient en partie des livres de Japrisot. Ce qui me plait surtout chez lui, c’est le sous-texte. Il y a un aspect conte dans tous ses livres qui donne une profondeur fantastique à des intrigues qui paraissent bien superficielles. Dans « La Dame dans l’auto… », une fille se fait passer pour une autre fille pour maquiller un crime. Mais derrière le polar, Japrisot parle de choses fondamentales et creuse une psyché française (…) « La Dame dans l’auto… » raconte l’histoire d’une fille qui subit des injustices et finit par prendre un fusil.
Quand tu as envie de faire « La Fiancée de Frankenstein » et que tu acceptes un scénario pareil, tu peux te raconter ce que tu veux… tu fais quand même un peu un film de monstre. Seulement il est caché dans le placard. »
Joann Sfar