Quinzaine des réalisateurs 2019
Les fantômes de l’opéra
Ce deuxième long métrage de Johnny Ma est né d’un documentaire sur une petite troupe d’opéra, dont le réalisateur devait tirer un scénario destiné à mettre en valeur une célèbre actrice de télévision chinoise. “Lorsque j’ai rencontré Zhao Li et sa troupe, j’ai tout de suite su que le film serait beaucoup plus intéressant s’il était fait avec ces comédiens jouant leur propre rôle.” Constatant que le projet initial n’aboutit pas, il décide de développer le sien avec les membres de cette troupe. Mais le financer sera très difficile. “À mon avis, faire un film en Chine est dix fois plus dur que partout ailleurs… Et ce n’est pas seulement la censure, il y a un climat et un environnement général dans le marché actuel chinois qui rend toujours plus difficile la survie d’un cinéaste indépendant. Les investisseurs et les producteurs ne cessent de vous dire que les titres art et essai signifient ‘pas d’argent’. La censure n’ajoute qu’une autre couche de complexité.” Frappée par la détermination du réalisateur, la productrice du projet original décide de le soutenir. “Nous sommes allés au Cinemart de Rotterdam, où nous avons rencontré notre partenaire français de coproduction, House on Fire. Il nous fallait alors prendre une grande décision. Attendre d’avoir plus d’argent en prenant le risque que la troupe disparaisse et que la productrice se désintéresse du projet, ou battre le fer pendant qu’il était chaud. C’était la première fois que je demandais une telle somme d’argent à mes proches.” Le tournage a eu lieu dans le théâtre initialement occupé par la troupe, qu’il faudra remettre en état car totalement abandonné. “Nous y avons fait jouer les acteurs pendant un mois entier. Ils ont donné des spectacles gratuits pour redonner vie au lieu.”