Film phare des seventies, Les Lèvres rouges réinvente le mythe de la comtesse Bathory sous les traits d’une Delphine Seyrig incandescente, ensorcelante et manipulatrice. Loin des clichés du genre (depuis Carmilla de Sheridan Le Fanu jusqu’à la Comtesse Dracula), Harry Kümel façonne une œuvre sous influence picturale (Fernand Khnopff, Paul Delvaux) où se déploie un réalisme fantastique imprégné de saphisme et d’un érotisme troublant. Ce fi lm resté longtemps invisible ravira les amateurs du genre. Les Lèvres rouges libère une atmosphère intemporelle, vénéneuse et onirique pour révéler les fantasmes et les pulsions de ses personnages. Œuvre formellement très travaillée (costumes, lumière, cadrages…), elle fut produite avec une équipe de collaborateurs talentueux, notamment le scénariste Jean Ferry (Quai des Orfèvres), le chef opérateur Eduard van der Enden (Trafic de Tati) et le compositeur François de Roubaix. Le casting, hétéroclite, participe aussi de son charme : bien sûr l’envoûtante Delphine Seyrig qui s’aventure ici sur des chemins non balisés mais dont la présence électrise la pellicule, mais aussi Danielle Ouimet, figure de l’érotisme dans le cinéma canadien ou Andrea Rau, actrice et top model d’origine allemande.