Chronique adolescente
Réalisé en 1986, Poussières dans le vent clôt le cycle dit autobiographique de Hou Hsiao-hsien, bien que cette histoire soit en réalité inspirée de la jeunesse de Wu Nien-jen, son co-scénariste, de sept ans son cadet. Ce nouveau long-métrage peut être envisagé comme un prolongement du précédent, Un temps pour vivre, un temps pour mourir, dans la mesure où il s’agit d’une autre chronique de fin d’adolescence, vue à présent sous l’angle amoureux. Comme à son habitude, Hou Hsiao-hsien fait jongler ses personnages entre la campagne et la ville. Cette dernière acquiert un statut quasi romanesque, comme dans les grands romans d’apprentissage du XIXe siècle où le héros voit sa vie bouleversée au contact avec la cité. Le train qui conduit les protagonistes, véritable leitmotiv du film, en forme la colonne vertébrale puisque tous les agissements des personnages vont se trouver dictés par ces va-et-vient. Les chemins des deux héros ne se recouperont jamais, en une suite de rendez-vous manqués. Mais cette histoire d’amour évite tout pathos : l’émotion contenue par les personnages se déverse sur l’environnement. Chef-d’œuvre d’épure, Poussières dans le vent montre avec subtilité et intelligence le passage de l’amour au chagrin à l’âge si délicat de l’adolescence.