Sous un soleil de plomb, au sud de l’Italie, Angela quitte tous les jours son domicile pour partir avec quelques autres travailler dans les champs. Des femmes italiennes, beaucoup, mais aussi des migrants, viennent remplir les rangs de ces travailleurs exploités qui gagnent quelques euros pour que tomates, melons et raisins arrivent dans les supermarchés aux quatre coins de l’Europe.
Sans jamais se plaindre, sans jamais fatiguer, Angela part travailler. Elle sait que son maigre salaire, aussi illégal et ridicule soit-il, est la seule ressource de la famille, depuis que son mari Giuseppe a été licencié de la carrière où il travaillait, à la suite d’un accident.
Et puis un jour, Angela ne revient pas. Angela est morte, au milieu des champs, un malaise, l’épuisement, le soleil qui tape trop fort : son corps pourtant encore jeune a lâché. Guiseppe décide alors de partir à son tour dans les champs où son Angela travaillait. Pour comprendre, pour fouler la terre aride où elle s’est effondrée, mais aussi pour survivre et nourrir son fils. Dans le camps de fortune où les travailleurs sont logés, il découvre, sur le sol italien, à quelques kilomètres de la ville, au cœur de l’Europe, un monde venu du fond des âges.
Ici règne la loi du plus fort et depuis la nuit des temps, le plus fort est celui qui possède la terre. Le maître des lieux est cynique, sans cœur et sans états d’âme. S’il feint de croire en un Dieu dans la petite chapelle privée de sa propriété, c’est pour mieux piétiner de ses bottes fraternité, compassion, humanité. Quand un travailleur meurt, on l’enterre, on l’oublie, on le remplace… Qui donc pourrait se soucier de ces morts anonymes ? On ignore bien les naufragés en Méditerranée.
Dans la grande tradition du cinéma social italien, Una promessa est un implacable constat d’échec sur la capacité de la société italienne et de l’Europe tout entière à traiter la question de la pauvreté et des migrants. Si le tableau est résolument noir et ne laisse que peu d’espoir quant à un possible changement, il apporte toutefois une lumière. Celle dans le regard d’un enfant et de l’amour qu’il porte à son père, celle qui peut surgir, parfois, entre deux êtres pris dans l’étau d’une commune et tragique destinée.
« L’événement central du film s’inspire d’un fait divers datant de l’été 2015 : la mort sur son lieu de travail de la journalière, originaire des Pouilles, Paola Clemente, et de l’absurde coïncidence avec la mort de notre grand – mère paternelle, décédée en travaillant dans ces mêmes champs en 1958. Le temps semble ne pas être passé et les conditions de vie des travailleurs, elles non plus, n’ont pas changé. Notre grand-mère était une journalière qui travaillait « sous patron ». Elle était entre les mains des caporaux et victime d’une exploitation du travail sans dignité ni respect des droits. Plus de cinquante ans après, nous découvrons que non seulement la situation n’a pas évolué, mais qu’elle a empiré.
« La nouvelle de la mort de Paola Clemente a fait naître en nous le désir d’enquêter sur la réalité invisible de milliers de travailleurs, en majorité des immigrés saisonniers, mais aussi de nombreux italiens appauvris et de tant de femmes comme Paola. Le film est tout d’abord la tentative de se réapproprier une âme, celle de notre grand-mère que nous n’avons jamais connue, à travers l’histoire et le corps d’une autre femme. Una promessa veut régler ses comptes avec ce court-circuit et racheter la dignité de ce corps – la Mère – perdu au fond de notre mémoire, historique et politique, mais aussi intime et familiale. » (Les frères De Serio)