2 | 2.25 | 2.5 | 2.5 |
Ainsi donc Madame Bovary cause anglais. Sacrilège ? Non, loin de là. La destinée d’Emma Bovary, ses déceptions, ses tourments, ses délicieuses attentes, ses espoirs déçus n’ont qu’un seul et unique langage : celui d’un cœur bien trop grand pour un monde étriqué. Universel, atemporel, le personnage de Madame Bovary touche et séduit bien au-delà du texte originel et si les premières minutes du film peuvent dérouter et nous faire croire que nous nous sommes égarés chez les sœurs Brontë, on oublie très vite la barrière de la langue pour toucher l’essence du texte de Flaubert à travers la magnifique beauté enjouée d’Emma qui, peu à peu, va se faner au contact d’une vie monochrome. La réussite du film, impeccablement mis en scène sans ostentation ni recherche inutile d’artifices, réside pour une bonne part dans l’interprétation sobre mais imposante de justesse de Mia Wasikowska qui parvient à glisser un souffle de fraîcheur et de feu dans le regard plus que centenaire d’Emma. Emma, c’est elle. Emma Rouault, fraîchement sortie du couvent, épouse Charles Bovary, un médecin de campagne qui se réjouit d’avoir trouvé la compagne parfaite, une jeune femme discrète, charmante, délicieuse. Charles est très souvent absent, en visite… Emma occupe ses journées à aménager sa nouvelle demeure, elle dessine, elle joue du piano et reçoit avec élégance les visiteurs. Mais très vite Emma se lasse, Emma s’ennuie, Emma étouffe dans cette toute petite vie de province qui ressemble à tout, sauf à ce dont elle avait rêvé. Ni passion amoureuse, ni faste de la vie mondaine, ni grandeur des âmes ou des sentiments… Ses rencontres avec Monsieur Lheureux, habile boutiquier, le Marquis d’Andervilliers, puis Léon, jeune clerc de notaire, vont rompre la monotonie de son existence, pour ses plus grandes et tumultueuses émotions et sa plus tragique destinée.