Sweet Thing

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New Bedford, Massachusetts. Billie, jeune adolescente, et son petit frère Nico luttent pour trouver leur place dans une famille dysfonctionnelle. Partagés entre un père alcoolique mais aimant et une mère trop souvent absente, leur vie oscille entre malaises et incompréhensions. Lors d’un été mouvementé, ils rencontrent Malik, jeune garçon en quête de liberté et décident de fuguer avec lui afin de vivre leur propre aventure.

Vos commentaires et critiques :

 

C’est un petit bijou de cinéma libre et généreux, qui vous retourne le cœur comme une lessiveuse que vous ayez 12 ou 80 ans, et qui est en plus un bel hommage à l’histoire du cinéma qu’on peut apprécier sans être du tout un grand cinéphile. Un film qui irait plutôt chercher dans notre mémoire cinématographique collective, sans même qu’on le réalise, toutes les images magiques qui nous ont bercés depuis toujours. Dès la première séquence, où l’on voit à travers une focale ronde et dans un noir et blanc hors d’âge des petits pieds chaussés de trop grosses baskets, on est projeté dans Le Kid de Chaplin. On fait ainsi la connaissance de Billie, une fille de 15 ans, et de Nico, son frère de 11 ans, qui améliorent l’ordinaire en crevant des pneus pour le compte d’une casse voisine revendant aux victimes des pneus rechapés. Peu à peu on va découvrir l’existence pas folichonne des deux enfants, partagés entre un père aimant et drôle mais alcoolique et sujet à des phases délirantes, et une mère absente, qui néglige ses gosses pour le bonheur d’un abruti réac. Lorsque l’état du père se dégrade et qu’il ne peut plus assurer, Billie et Nico sont obligés de vivre avec leur mère et leur beau père de plus en plus lourdaud, dans une villégiature minable de bord de mer. C’est là qu’ils décident de prendre la tangente et la route, en compagnie de Malik, un garçon rencontré sur la plage.
Sweet thing (comme le tout aussi formidable Stand by me de Rob Reiner) saisit avec une justesse confondante ce moment précieux et grave où des enfants découvrent trop tôt, ou trop seuls, le monde des adultes et en sont durablement marqués. Pourtant Sweet Thingest une merveille de légèreté et de tendresse, probablement parce que les enfants, bien plus que les adultes, ont cette capacité de résilience et d’incorrigible optimisme qui leur fait surmonter les pires épreuves. Probablement aussi parce qu’ils sont portés par un amour inconditionnel pour celles et ceux dont ils savent que ce sera à la vie à la mort.
Sweet thing est d’une authenticité bouleversante, sans doute parce que c’est au sens littéral un film de famille et de clan. Alexandre Rockwell (que l’on avait découvert au début des années 1990 avec le très sympa In the soup, interprété entre autres par Steve Buscemi… et qu’on avait perdu de vue depuis) a entraîné dans l’aventure son épouse Karyn Parsons dans le rôle de la mère et ses propres enfants Lana et Nico pour incarner les personnages principaux. Et à la production on retrouve des étudiants de l’université dont il dirige le département cinéma mais aussi ses vieux compagnons Steve Buscemi, Sam Rockwell (aucun lien de parenté pour le coup) ou Jennifer Beals (oui, l’icône deFlashdance).
De ce climat de complicité active est né un film inspiré et inventif, comme en témoignent ces quelques séquences en couleurs franches qui viennent trancher sur le noir et blanc intense qu’a choisi le réalisateur. Pas anodin, ce choix, Sweet thing en tire une patine et un charme tout à fait singuliers.
On a souligné dès le générique la qualité de la bande son, construite autour de l’entêtant Sweet thing de Van Morrison qui donne son titre au film.