Snowden TP

Vous aimez ce film, notez le !
La note moyenne actuelle est de 17,00 pour 2 vote(s)
Quand Edward J. Snowden révèle au monde l'existence d'un programme secret de surveillance de la NSA, il ferme alors les portes de son propre avenir, renonçant à sa carrière, sa petite amie et sa terre natale. Ce fut un gros sacri ce pour Edward qui aimait profondément son pays et était er de le servir. A vingt-et-un ans il voulait faire partie des Forces Spéciales et allait bientôt intégrer la CIA. Il avait une con ance aveugle envers le gouvernement américain et sa politique de

Vos commentaires et critiques :

Hacker

Edward Snowden : une énigme en treize lettres. A moins d’avoir passé les trois dernières années reclus dans une communauté amish, vous ne pouvez pas ne pas avoir entendu ce nom devenu mondialement célèbre du jour au lendemain, et adossé à des expressions aussi diverses et contradictoires que « lanceur d’alerte », « traître », « héros », « criminel », la liste est longue et non-exhaustive. Comment un homme peut-il susciter simultanément haine et admiration, respect et mépris, colère et espoir ? Comment un brillant informaticien travaillant pour l’agence gouvernementale la plus puissance et la plus secrète des États-Unis a pu devenir un oxymore vivant : l’auteur d’une trahison qui lui vaut aujourd’hui de vivre en exil et d’être menacé de mort par l’actuel candidat républicain à la présidentielle, et le Prométhée moderne apportant la vérité aux hommes, héros des libertés civiques sacrifié sur l’autel de la Raison d’État ?
Rappelons rapidement les faits : le 6 Juin 2013, Le Guardian et le Washington Post publient conjointement les premières pages d’une liasse de plus de 9000 documents classés top-secret concernant des programmes de la NSA, portant aussi bien sur la collecte d’informations via internet et le téléphone à l’intérieur comme au-dehors du territoire américain, les programmes de surveillance propres aux États-Unis mais aussi ceux de leurs alliés, mettant au jour la plus vaste opération de quadrillage des activités humaines jamais orchestrée par un gouvernement démocratique, et à une échelle sans équivalent dans l’Histoire. Et au milieu de la tempête, assis en tailleur dans une chambre de l’hôtel Mira à Hong-Kong, face aux journalistes abasourdis par ce qu’il leur raconte, la voix posée, un laptop sur les genoux, se tient un jeune homme de trente ans, le voleur de feu qui n’a plus voulu jouer le jeu.
Tout cela a déjà été raconté, et brillamment, par Laura Poitras dans le documentaire qu’elle lui a consacré, Citizen Four ; mais si elle arrivait à rendre passionnante par la clarté de son exposé une affaire aussi aride que complexe , Poitras ne disait rien, ou si peu, de l’homme assis en face d’elle. C’est là que débarque Oliver Stone, le Zorro des causes perdues et des biopics engagés, le cinéaste pour qui chaque film est une occasion de dire leur fait à ses compatriotes, ce qui lui a valu et lui vaut encore autant d’exaspération que de respect. Deux personnalités opposées, l’une bouillonnante et gauchisante, l’autre posée comme une statue de Bouddha et plus modérée, réunies par la détestation que leur porte l’Establishment et l’admiration des Mavericks, Hackers et défenseurs des libertés du monde entier : la rencontre entre Stone et Snowden était inévitable !
Porté par son sens du spectacle et sa propension naturelle à utiliser les outils du Système pour les retourner contre lui, Oliver Stone s’empare de la vie de Snowden et en tire non seulement un thriller politique comme il en a le secret, plein de suspens et de rebondissements, mais également le portrait sensible et complexe d’un jeune homme surdoué, patriote et conservateur, obsédé par le sens du devoir et le désir de servir son pays, intégrant les services secrets faute d’avoir pu devenir un Marine, dont la boussole morale va être bouleversée par l’arrivée dans sa vie de Lindsay Mills, photographe libertaire et future fiancée qui lui ouvrira les yeux sur les conséquences éthiques de ses activités.
Servi par une troupe de comédiens hors-pairs, au premier rangs desquels se détache un Josh Gordon Levitt habité, Stone nous livre un récit qui nous tient en haleine sans se compromettre dans la surenchère gratuite ou la dramatisation excessive, car il ne perd jamais de vue le véritable enjeu du film : déchiffrer le mystère Snowden, c’est nous rappeler que nous aussi pouvons réfléchir, changer… et agir.