Le Voyage au Groenland

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Thomas et Thomas cumulent les difficultés. En effet, ils sont trentenaires, parisiens et comédiens… Un jour, ils décident de s’envoler pour Kullorsuaq, l’un des villages les plus reculés du Groenland où vit Nathan, le père de l’un d’eux. Au sein de la petite communauté inuit, ils découvriront les joies des traditions locales et éprouveront leur amitié.

Vos commentaires et critiques :

Fejl...

On aimerait pouvoir enfiler ses grosses bottes, son anorak doublé de plumes d’oie capable de résister fastoche à des moins quarante, un gros bonnet à pompon… et passer de l’autre côté de l’écran, marchant dans les pas de Thomas et Thomas, au cœur d'un paysage immaculé qui ressemblerait au tout premier jour du monde. La neige ferait scrontch scrontch sous nos pas hésitants, on aurait d’abord un peu peur de tant de blancheur, de tant de silence, alors on caresserait en douce le clavier de notre téléphone lové au fond de notre poche, histoire de se rassurer sur la proximité d’une civilisation connectée… mais très vite, il faudrait se rendre à l’évidence : ici la 3G n'a aucune utilité. Plus encore : aucun sens. Alors on irait voir les Inuits, on tenterait de les comprendre, on ne les comprendrait pas parce qu’on a pas fait inuit en seconde langue, mais comme Thomas et Thomas, on parviendrait quand même à communiquer avec eux, à écouter leurs chants, à partager leurs éclats de rire…
Voilà le voyage au Groenland qu’on aimerait faire, nous aussi. Un voyage au bout du monde qui donne du sens au nôtre, un voyage entre potes qui interroge, en toute simplicité, en toute fragilité, les liens maladroits mais sincères qui nous unissent à nos frères terriens. Mais ne croyez pas que dans ce film, on se prend la tête en bavardages inutiles, c’est bien même tout à fait le contraire : les regards font un peu, les quiproquos font le reste et le comique des situations coupe court à tous les discours. 
Car sous ses airs de documentaire qui pourrait contribuer aux grandes heures des cycles « Connaissance du monde », Le voyage au Groenland ne se contente pas d’être visuellement très beau, il est aussi sensible, très lucide et très très drôle.
C’est un comique tendre et presque timide, à l’image des deux protagonistes du film, un comique qui tient bien sûr du décalage culturel et géographique, mais qui se nourrit aussi du décalage tout court des deux Thomas. Englués dans un no man’s land existentiel, coincés entre la nonchalance de l’adolescence (qu’ils cultivent joyeusement) et la maturité de l’âge adulte (qu’ils ne veulent pas atteindre), ces deux pierrots traversent le film comme ils semblent avancer dans la vie : en se laissant porter par les rencontres, révélant une palette de rêveries et d’émotions douces amères dont on comprend vite qu’elles illumineront maladroitement leur monde et le nôtre par la même occasion.
Voyage au Groenland, c’est donc l’équipée polaire de Thomas et Thomas, deux trentenaires très parisiens, très comédiens et très intermittents, qui débarquent fraîchement depuis leur xxe (arrondissement) dans le village de Kullorsua où vit Nathan, le père de l’un d’eux. Au sein de la communauté inuit, ils vont découvrir les joies de la vie au grand air 100% écolo, la déroutante et sacrée chasse aux phoques, les plaisirs et angoisses d’une vie sans internet et puis aussi tester sous avis de grand froid la résistance de leur amitié. Parce que sous l’éclairage bleu gelé de ce territoire filmé parfois comme s’il s’agissait d’une planche de bande dessinée, tout semble soudain prendre un autre sens : les déconnades complices autant que les rapports père-fils, l’indécision permanente tout comme le goût des autres.