Laura est avocate. Tous les jours, elle reçoit la visite d'un type paumé, Fuller, dont la vie part en vrille à la suite d'un accident du travail pour lequel il voudrait faire reconnaître la responsabilité de son employeur. Laura est la maîtresse de Ryan, un homme marié. Gina, la femme de Ryan, souhaite construire sa maison avec les pierres présentes sur le terrain d’un vieil homme. En compagnie de son mari, elle rend visite à ce dernier et tente de le convaincre. Ryan n'est d'aucune aide. Cette négociation est une nouvelle fois révélatrice du fossé qui s'est creusé dans leur couple. Jamie, une jeune femme solitaire, travaille dans un ranch. Lors d'un cours du soir, elle tombe sous le charme de Beth, une jeune avocate harassée par les kilomètres qu'elle doit parcourir pour faire classe…
Depuis Old joy, son premier long métrage, la réalisatrice américaine Kelly Reichardt trace le sillon d’un cinéma sensitif, fait de petits riens que sa mise en scène sublime pour toucher durablement le spectateur. En adaptant trois nouvelles de Maile Meloy, la réalisatrice de La Dernière piste raconte « L’Americana », avec une rare économie d’effets mélodramatiques. Dès son premier plan, un train qui passe lentement devant le décor enneigé du Montana, Certaines femmes impose son rythme et demande une minutieuse observation de ce qui se passe dans le cadre. Tout se joue dans les regards et les silences, rien n’est imposé.
Trois histoires non liées se suivent mais une même solitude envahit peu à peu les récits, note de fond ajouté par le quatrième personnage principal du film, le paysage froid du Montana, qui rend les déplacements difficiles et les élans du cœur impossibles à exprimer. La beauté de Certaines femmes tient dans l’empathie que fait éprouver Kelly Reichardt pour ses personnages. Par la beauté sereine de sa mise en scène, le quotidien le plus trivial devient bouleversant. Et quand une jeune femme amoureuse se promène fièrement à cheval pour déclarer sa flamme, le cœur enfin s’emballe et l’émotion nous étreint.