QUINZAINE DES RÉALISATEURS 2017
Conscience civique
Trente-cinq ans après avoir réalisé Field Diary, Amos Gitai choisit à nouveau de se rendre en Cisjordanie, adoptant une méthode de tournage ultra-légère pour, dit-il, "observer et enregistrer", tout en posant à différents politiciens des questions frontales sur l’avenir de la Cisjordanie après 50 ans d’une occupation qui dure depuis la fin de la guerre des Six-Jours. "Aujourd’hui en Israël, la situation est totalement bloquée, souligne le cinéaste. Le gouvernement en place est particulièrement réactionnaire. Son interventionnisme constant dans tous les domaines, de la justice à l’éducation, en passant par la culture, a contribué à limiter la liberté d’expression tout en servant le terreau au racisme et à la haine." À l’ouest du Jourdain est constitué de rencontres avec les individus et les associations, Israéliens, Palestiniens, mais aussi de Bédoins, qui, en dépit de tout, tentent de construire des ponts entre les gens au Moyen-Orient. Le film donne notamment la parole à The Parent Circle, association regroupant des parents ayant perdu des enfants lors des différents conflits, mais aussi à B’Teslem, ONG aidant les femmes palestiniennes à lutter contre les violations de leurs droits en leur fournissant des moyens vidéos. À l’ouest du Jourdain a été coproduit par le cinéaste en coproduction avec Nilaya (Patricia Boutinard Rouelle), qui se lance à présent dans la production de documentaires cinéma.
Amos Gitaï participe à une réunion du Cercle des parents, une association de mères israéliennes et palestiniennes ayant perdu des enfants à cause du conflit, ainsi qu’à une séance de B’Tselem, une organisation de droits de l’homme qui encourage les femmes palestiniennes à filmer les exactions commises dans les territoires occupés. Il visite une école bédouine actuellement menacée de démolition en raison de la récente loi dite de « régularisation » de l’occupation de terres palestiniennes par des colons. Il interroge des responsables politiques et des journalistes israéliens, comme l’éditorialiste du quotidien Ha’Aretz, sur leur vision de l’avenir de la Cisjordanie, sous occupation depuis la guerre des Six jours. À l’ouest du Jourdain montre les liens humains qui se sont tissés entre des militants des droits de l’homme, des journalistes, des militaires, des mères en deuil et même des colons. Devant l’absence de solutions politiques pour résoudre la question de l’occupation, des hommes et des femmes se lèvent et agissent au nom de leur conscience civique.
Cette quête de réconciliation était aussi celle du Premier ministre assassiné, Yitzhak Rabin.