Plus de 50 ans après la sortie du classique «Mary Poppins» de Robert Stevenson, les créateurs du «Retour de Mary Poppins» («Mary Poppins Returns») avaient ce prétexte en or: le temps qui s’est écoulé. En respectant l’esprit de l’original, ils offrent une œuvre qui aide à retrouver son cœur d’enfant, même si elle souffre de son excès de «jovialisme» et risque fort d’indifférer les jeunes d'aujourd'hui.
Cette seconde mouture se déroule une vingtaine d’années après le premier, soit pendant la grande dépression de 1930. Michael et Jane Banks (Ben Winshaw et Emily Mortimer) sont adultes. Et sur le point de perdre la maison familiale pour un défaut de paiement. Michael, artiste rêveur et veuf depuis peu, est dépassé par la gestion quotidienne et ses trois enfants. C’est alors que surgit du ciel Mary Poppins.
La super nounou aux pouvoirs magiques n’a pas pris une ride — Emily Blunt reprend le rôle tenu par Julie Andrews à l’époque. Elle est toujours, «à peu de choses près, parfaite en tout point». Dès lors, le dénouement heureux s’avère extrêmement prévisible même si le scénariste David Magee aura recours à un deus ex machina pour conclure l’affaire. Evidemment, l’exercice est empreint de nostalgie — il vise plus ceux qui ont grandi avec le souvenir de Mary Poppins qu’une nouvelle cohorte. Rob Marshall a d’ailleurs choisi de l’animation vintage en 2D à la Roger Rabbit, sans recours aux images assistées par ordinateur, et multiplie les clins d’œil au premier film. Les enfants, et Mary Poppins, vivront de multiples péripéties fantaisistes où ils apprendront à se méfier des apparences — le banquier, plutôt qu’un bienfaiteur, est un vil capitaliste (caricatural) qui cherche à nuire à leur famille sans raison apparente autre que sa cupidité — et à croire au pouvoir de l’imaginaire. Le message s’adresse évidemment au spectateur, ce qui permet tous les tours de passe-passe scénaristique… Ces scènes sont évidemment prétextes à des chorégraphies élaborées, dont celles du carnaval des animaux et de la luminomagie fantastique avec les allumeurs de réverbères, dignes de Broadway. Celle de la fin, par contre, est totalement superflue et étire un long métrage dans lequel on aurait pu utiliser les ciseaux. Avec une réalisation attentive, mais convenue, Le retour de Mary Poppins doit beaucoup à son interprète principale. La suave Emily Blunt (Sicario de Denis Villeneuve), supercalifragilisticexpidélilicieuse, est à peu de choses près, parfaite en tout point.Bref, une comédie musicale bon enfant.