Pour peu qu’on s’intéresse au cinéma, il était bon de craindre que l’arrivée d’une licence de jeu vidéo en film, surtout aussi populaire que Pokémon, nous amène sur un résultat plus que bancal. En particulier quand on sait que la production de Détective Pikachu est américaine, ce qui aurait pu laissé présager une vision plus « Blockbuster ». L’espoir du contraire est quand même permis, car Rob Letterman est à la réalisation. Il a notamment travaillé sur le premier Shrek ou encore récemment sur l’adaptation au cinéma des romans Chair de Poule. Un film qui a ses défauts, mais qui fut une bonne surprise pour beaucoup de monde.
On découvre Tim Goodman, un garçon très terre-à-terre qui ne semble avoir que peu d’intérêt pour les Pokémon. C’est en tout cas ce qu’il essaye de laisser paraître, même si durant son enfance il rêvait de devenir un dresseur de Pokémon. Il mène une vie tranquille de vendeur d’assurances, quand la vie le rattrape suite à un coup de téléphone venant de Ryme City. Une ville dans laquelle les Pokémon vivent en harmonie avec les humains. Tim apprend la mort de son père, ce qui l’oblige à se rendre sur place. Durant l’inspection de l’appartement de son paternel, il tombe sur un Pikachu qui parle. Ce dernier essaye de lui faire comprendre que son père n’est pas mort et qu’il faut à tout pris enquêter là-dessus.
Autant balayer tout de suite le point négatif du film et qui paraît assez évident après le visionnage, c’est la légèreté de son scénario. La première partie de Détective Pikachu est surtout là pour créer la relation entre Tim et son Pokémon. Et contre toute attente, c’est réussi. Le cynisme inattendu de Pikachu, ses blagues graveleuses et sa dépendance au café, lui donne un côté humain très singulier, mais cela lui confère une personnalité à laquelle on s’attache rapidement. Malheureusement, durant sa deuxième moitié, le film est porté par une histoire qui dévoile vite toutes ses ficelles, parfois un peu grossièrement, et les rares rebondissements du scénario peuvent être décelés plusieurs minutes avant. Cela reste pourtant un défaut assez minime, car c’est vite contrebalancé par l’atmosphère qui se dégage du film.
On ne peut pas parler d’un film policier, mais Détective Pikachu ne tombe pas dans la facilité. On sort du carcan habituel des films Pokémon, en ne mettant pas en scène un jeune dresseur qui veut partir dans un voyage initiatique et faire des combats de Pokémon. Le film est vraiment centré autour des personnages et la licence Pokémon sert vraiment juste de contexte, voir seulement de décor. Oui, cela reste un film Pokémon et il y a quelques scènes bien placées, pour venir titiller la nostalgie des trentenaires, mais cela reste néanmoins discret. Le film vise les enfants, mais on se permet quand même un humour à double tranchant qui fera forcément sourire pas mal d’adultes.
La peur pouvait se faire ressentir concernant l’intégration des Pokémon en image de synthèse dans un monde réel. Mais il faut admettre que l’illusion fonctionne et qu’on n’y fait que très peu attention durant le film. Les bestioles sont là et le film tourne autour d’eux, mais ils ne sont pas omniprésents, on n’essaye pas de nous matraquer que c’est avant tout un film Pokémon. Ils participent juste à l’histoire et le tout s’harmonise étonnamment bien. On évite la catastrophe d’un film trop tourné vers le fan-service. On distille ça et là quelques piques nostalgiques, mais cela reste avant tout un film touchant, drôle et qui même s’il rate un peu la chance de proposer quelque chose de plus profond, il nous prend par la main sans pour autant tomber dans la facilité. On accepte volontiers le propos plus enfantin qui s’en dégage et cela contribue à nous faire passer un très bon moment.
Détective Pikachu est vraiment une agréable surprise et j’espère que cela ouvre la voie à d’autres bonnes adaptations cinématographique de jeu vidéo.