D’après les historiens du cinéma,Trouble in paradise était le film préféré de Lubitsch. On peut faire confiance à la sûreté de son goût et donc se précipiter sans hésitation pour voir cette merveille de comédie satirique. Jamais sans doute le génial réalisateur de To be or not to be et de quelques autres chefs-d’œuvre n’a poussé plus loin l’élégance de sa mise en scène, pleine de litotes et de sous-entendus. Jamais sans doute il n’a déployé plus de charme et de virtuosité pour créer un univers qui impose sa vérité ironique et tranchante en se jouant des artifices et des conventions, des faux-semblants et des masques.
Trouble in paradise est un hymne à la gloire du mouvement et du provisoire, un éloge vertigineux de l’instabilité qui nous laisse à la fin un peu ivres et étourdis, comme au sortir d’une valse tourbillonnante. Le vol, qui est au centre de l’intrigue, ne correspond pas à un vulgaire désir de propriété, mais montre au contraire à quel point celle-ci est précaire : les objets circulent frénétiquement, jamais assurés d’appartenir à quiconque. De même apparences et sentiments se bousculent à un rythme qui désoriente les lents et les cartésiens… Tout court, tout coule, rien n’est assuré, aucun personnage ne se laisse cerner… Qui voir, qui croire ?
Le gentleman cambrioleur Gaston Monescu et sa compagne Lily, ayant écumé plusieurs palaces internationaux (une gondole, un balcon, un clair de lune : c’est Venise), gagnent la France (une boutique chic, une loge à l’Opéra, un appartement moderne : c’est Paris) où ils jettent leur dévolu sur une nouvelle victime : la riche et belle Mariette Collet.
Gaston se fait engager comme homme de confiance, Lily comme secrétaire. Une idylle semble naître entre Gaston et sa séduisante patronne. L’amour va-t-il dérégler la belle mécanique arnaqueuse ?