Max & Lenny

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Lenny est une adolescente sauvage et solitaire d'une cité des quartiers nord de Marseille. C'est par le rap qu'elle exprime les difficultés de son quotidien. C'est aussi par lui qu'elle réussi à s'en évader.
Un soir, alors qu'elle répète en cachette dans un chantier à l'abandon, Lenny rencontre Max, une jeune Congolaise sans papier qui tombe en arrêt devant sa voix et la puissance de ses mots. Les deux filles s'adoptent aussitôt…

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Dès le premier plan caméra à l'épaule, tout en énergie, on est saisi. La caméra suit de dos une jeune fille, Lenny, allure de mec avec son sweat à capuche rouge et son bermuda camouflage, qui avance d'un bon pas sur une passerelle surplombant une cité. Puis au loin surgit un quad mené par deux garçons qui semblent ne pas lui vouloir du bien. Une course poursuite s'engage et la caméra s'élève, découvrant les immeubles un peu délabrés, au-dessus d'une mer bleu azur où accostent les ferrys. Nous sommes à Marseille, dans ces quartiers que les médias caricaturent à longueur de reportages bâclés. Lenny parvient à semer ses poursuivants et se réfugie dans les sous-sols. Elle sort ce qu'elle cachait : un kilo de shit qu'elle a apparemment volé…

On avoue que là, on craint un peu le film cliché, quartiers, cités = guerre des dealers, on s'attend presque à une scène de tournante avec des mecs plus caricaturaux les uns que les autres. Et puis non, pas du tout, divine surprise… Si le frère de Lenny, avec qui elle vit, n'a pas l'air commode, leur relation est montrée avec beaucoup de finesse, contradictoire, faite de frictions incessantes mais aussi d'affection profonde…

On retrouve Lenny un peu plus tard, répétant dans un terrain vague, car si elle deale pour survivre, elle voudrait avant tout parvenir à trouver sa voie dans le rap. Et à ce qu'on en voit, elle rappe bien, pas étonnant puisque l'actrice qui joue le rôle, irradiante d'énergie et d'émotion, est la splendide Camelia Pand'or, valeur montante de la scène hip hop française. Ce soir là elle a une spectatrice : Max, une jeune lycéenne congolaise menacée d'expulsion depuis qu'elle est majeure, et qui a la charge de ses trois petits frères depuis que sa mère a été mise dans un charter et que sa grand-mère est tombée malade. Entre les deux filles, l'amitié à la vie à la mort est immédiate. Lenny trouve enfin quelqu'un à qui confier ses plus durs secrets, évoquer sa petite fille née trop tôt et qui est désormais placée en foyer, une copine avec qui s'échapper dans les calanques et nager jusqu'au Frioul pour une nuit seules au monde…

Max et Lenny est un beau film, très juste et émouvant, sur l'amitié entre filles et plus largement sur les jeunes filles issues des quartiers populaires, montrées dans toute leur complexité (ce qui est assez rare au cinéma). C'est un film qui célèbre le rap dans ce qu'il a de beau et de salvateur, permettant à une fille comme Lenny de mettre des mots sur ses blessures et ses espoirs, et ainsi trouver un but à sa vie. Un rap à des années-lumière des clichés du rap bling-bling Skyrock, avec ses poses de gangsters en carton. La mise en scène rend un bel hommage à Marseille, ses quartiers oubliés à flanc de falaises, quartiers d'exclusion mais où la mer n'est jamais très loin et laisse entrevoir un ailleurs.