Une affaire de femmes est l’un des plus grands succès de Claude Chabrol. Un million d’entrées en France, trois nominations aux César, Coupe Volpi de la meilleure actrice pour Isabelle Huppert à la Mostra de Venise, le réalisateur étant lui-même récompensé à deux reprises à ce même festival. Ceci sans compter les nominations et autres récompenses diverses (à Bogota, à Boston, aux Golden Globes, aux David di Donatello…), le film est un triomphe à travers le monde et la critique est très largement conquise. Sorti entre Le Cri du hibou, adaptation d’un roman de Patricia Highsmith qui a valu à Mathilda May le César du meilleur espoir féminin, et Jours tranquilles à Clichy, d’après le roman éponyme d’Henry Miller, Une affaire de femmes s’inspire lui aussi d’un livre écrit par l’avocat Francis Szpiner, tiré d’une d’une histoire vraie, celle de Marie-Louise Giraud (1903-1943), une des dernières femmes condamnées à mort en France par guillotine, dénoncée pour avoir effectué près d’une trentaine d’avortements illégaux sous l’occupation. Cette dernière, la seule « faiseuse d’anges » exécutée pour cette raison, est interprétée par Isabelle Huppert, dans sa deuxième collaboration avec Claude Chabrol, dix ans après Violette Nozière. Fabuleux portrait dressé d’une résistante malgré elle, Une affaire de femmes est une œuvre passionnante, dont la protagoniste n’est certes pas très sympathique, mais à laquelle la comédienne apporte une humanité, une force incroyable et son hypersensibilité. Assurément l’une des plus intenses prestations d’Isabelle Huppert.