C'est l'envers du décor de la si merveilleuse Corée du Sud, réussite financière exemplaire, industrie de pointe, développement culturel fulgurant… Déjà, on avait remarqué une certaine tendance du cinéma coréen, même dans des blockbusters qui s'exportent tellement bien, à pointer les petits et grands travers du pays : les jeux politiques et affairistes, les laissés-pour-compte du miracle économique, la violence de le pression sociale sur les plus faibles, les plus âgés, les plus démunis. Le « Pays du matin calme » a parfois des réveils douloureux, serait-on tenté de penser dès les premières images de After my death. Film d'un genre mal défini – ou film de genre écorché par la sourde violence de son sujet : Kim Ui-seok se propose avec ce récit noir aux accents prononcés de polar de disséquer un phénomène avéré qui gangrène la société coréenne, le suicide des adolescents.
Le lycée de jeunes filles est en effervescence : Kyung-mi, élève discrète, travailleuse et appréciée de ses camarades, a soudainement disparu. Elle s'est volatilisée un soir, en rentrant chez elle après une soirée. Les dernières images des caméras de vidéosurveillance la montrent accompagnée d'une amie proche, Yeong-hee, pas très loin du fleuve – et laissent supposer un suicide. Son corps reste introuvable, la police piétine. Ce qui n'est pas pour déplaire à l'institution scolaire, pour qui le suicide de l'adolescente serait une effroyable contre-publicité. Tandis que les parents cherchent désespérément une raison, une responsabilité à désigner dans la disparition de leur fille, les autres élèves font de la jeune Yeong-hee, qui détient peut-être la clé du geste de son amie, un bouc-émissaire idéal. Elle va chercher à échapper à la spirale de persécutions qui l’accablent. À n’importe quel prix.
Polar en milieu scolaire, After my death prend des chemins de traverse, évoque les codes aujourd'hui mondialisés de la culture pop coréenne, s'attarde sur les méfaits de la compétition érigée en modèle de société, décrit aussi bien la fragilité d'une jeunesse en quête perpétuelle de perfection que la douleur d'adultes en perte de repères et de valeurs.