On ne les présente plus : Toledano et Nakache, binôme inséparable formé depuis plus de vingt ans (ils ont tourné ensemble leurs courts métrages). Le succès phénoménal qui s’est abattu sur eux en a fait les enfants chéris du cinéma français. Et pas seulement parce qu’ils remplissent les tiroirs-caisses des exploitants que nous sommes, mais bien parce que leurs films sont réalisés avec un soin, une intelligence, une exigence pas si fréquents dans le cinéma grand public et parce qu’il y a dans leurs histoires et leurs personnages une bienveillance, une humanité, une sensibilité qui rendent le spectateur heureux. Et ça, ce n’est pas rien.
Après Driss, dans Intouchables, et Samba, tout deux interprétés par Omar Sy, leur nouveau héros s’appelle Max. Max c’est Jean-Pierre Bacri, le grand Jean-Pierre Bacri. Petit patron d’une entreprise qui vend mariages et autres cérémonies, tout compris, clés en main. Des fêtes, il en organise depuis trente ans, il en a quelques centaines derrière lui et on peut dire qu’il en a un peu sa claque. Mais pour l’heure on le découvre devant deux jeunes gens, dans un espace immense avec vue sur la Tour Eiffel. Standing. Mais voilà, les tourtereaux voudraient bien (re)discuter le devis, encore une fois. Et puis « les fleurs, c’est obligé, tant de fleurs ? » . Souriant, affable, raisonnable, Max fait de son mieux pour proposer des solutions… et rester aimable. Mais ce ne sont pas ces deux futurs mariés qui l’inquiètent, Max. Non, ce qu’il a en tête c’est le mariage du jour, en grande pompe, dans un château du xviie siècle. Ça, et le fait que depuis quelque temps sa femme est sur répondeur.
C’est donc une longue journée qui s’annonce, mais tout est organisé, la brigade de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs est sur le pied de guerre. Il a le photographe, les musiciens. Il est comme le metteur en scène d’un happening, comme le chef d’orchestre qui doit s’accommoder de certains musiciens qui en sont encore au solfège… Mais Max en a vu d’autres, il ne va pas s’affoler pour si peu. En plus il peut compter sur Adèle, une jeune femme efficace au langage un peu trop fleuri à son goût mais sur qui il se repose un peu désormais… Le film va suivre l’organisation de cette fête qui s’achèvera comme il se doit au petit matin. Et, vous vous en doutez, rien ne va vraiment se passer comme prévu, sinon il n’y aurait pas de film…
Le Sens de la fête dresse ainsi le portrait d’une petite entreprise quasi familiale, comme nous en connaissons tous. Au sein de laquelle chacun se connaît, on travaille ensemble depuis plus ou moins longtemps, avec plus ou moins de talent et d’allant, malgré les livrées de laquais et les perruques qui sentent le moisi mais qu’il faut porter parce que c’est dans le devis. C’est aussi le portrait d’une France que l’on n’ose presque plus espérer. Multiple, bigarrée, complexe, généreuse, pénible, râleuse, qui, à rebours du discours décliniste ambiant, s’adapte, innove, invente sans cesse des solutions pour que le bateau dans lequel tout ce petit monde est embarqué parvienne à bon port.
Voilà, Max arrivera-t-il au bout de cette folle journée, et surtout dans quel état ? Les mariés seront-ils contents malgré ce musicien de remplacement qui chante merveilleusement en yaourt, malgré ce photographe qui passe plus de temps à goûter les petits fours qu’à immortaliser ce moment de bonheur ? Malgré tout ça et tout ce qu’on ne vous raconte pas, Max conservera-t-il le sens de la fête ?