Ilan Klipper filme Aube, Yoan, Marcus et d’autres, des individus qui ne se croisent pas, si ce n’est dans ce film. Et d’une capsule à une autre, on navigue entre ces personnages, on écoute « leurs petites chansons ».
Au fond, on ne se sent pas si loin et on en profite pour s’échapper un peu avec eux. On reste fasciné de bout en bout par ces personnes et ces paroles d’une intensité folle, recueillies avec délicatesse par le réalisateur qui compose ses images comme des écrins, collectant pensées, troublante spontanéité, souvenirs et éclats.
Il y a un mouvement, que le cinéaste fait vers eux, sans atteindre pourtant le mystère qui reste préservé et, toujours, une étonnante complicité dans la représentation à laquelle les personnages se prêtent.
Avec audace, le film fait cohabiter ces gens qui débordent d’un peu partout. Un peu trop aux yeux de certains, de leur entourage, des gens qui partagent leur vie et pour leur propre survie tentent vainement de les ramener à une forme de normalité, la leur ou celle communément acceptée.
Incompatibles, les mondes se télescopent, se percutent, parfois avec fracas. Alors on se questionne, on pense à des tas de choses, souvent à la tyrannie de la réalité, sans trouver de réponses. On pense à cette « grande volonté intérieure » dont nous parle un personnage et on se demande alors si ce ne serait pas cela le point commun entre toutes ces personnes.