Un Français, précédent film de Diastème, suivait les parcours de skinheads néonazis sur presque trois décennies, de Touche pas à mon pote à La manif pour tous. Sept ans plus tard, Le monde d'hier évoque la position d'une extrême droite moins marginalisée voire beaucoup plus normalisée dans le système politique français actuel. Le protagoniste n'est plus Marco, jeune homme modeste vivant en HLM, mais Élisabeth de Raincy, la Présidente de la République. On la découvre en pleine nuit, dans l'ambiance très feutrée de l'Élysée. Dans une France qui bouillonne à la veille des élections présidentielles, elle paraît minuscule dans les grands salons du Palais. Même dans le jardin, le silence pèse, assourdissant et anxiogène. Rien ne semble pourtant atteindre le microcosme qu'elle compose avec ses proches intimes – liens familiaux ou professionnels, les deux se confondent. Après un quinquennat que l'on devine peu triomphant, Élisabeth a prévu de laisser sa place. Le candidat censé prendre sa suite peine à convaincre. Pire, elle apprend par son fidèle Secrétaire Général qu'une révélation sur le point d'être dévoilée verra sa crédibilité s'effondrer définitivement, laissant le champ libre à l'extrême droite. Le haut-fonctionnaire évoque alors un projet illicite et irréversible comme dernière chance pour remédier à cette funeste perspective...
Le monde d'hier réactualise le dilemme moral entre la fin et les moyens – Diastème s'est notamment inspiré des Justes d’Albert Camus, œuvre qui l'a marqué dans sa jeunesse et qu'il a mise en scène pour le théâtre. Après un mandat sans gloire, affaiblie, désabusée, Élisabeth de Raincy est rincée, ses idéaux ne sont plus. Prise dans un étau, au cœur d’un moment dans lequel le monde peut basculer, elle doit décider si son poste lui donne le pouvoir de changer l’Histoire. Ces Justes semblent cependant ridiculement impuissants dans les hautes sphères du Pouvoir...