Antonio LeBlanc, d’origine américano-coréenne, a été adopté et a passé sa vie dans un petit village du Bayou de Louisiane. Aujourd’hui marié à la femme de sa vie, Katy, ils élèvent ensemble Jessie, la fille de cette dernière, issue d’un premier lit. Alors qu’il travaille dur pour offrir ce qu’il y a de meilleur à sa famille, il va devoir affronter les fantômes de son passé en apprenant qu’il risque d’être expulsé du seul pays qu’il n’ait jamais considéré comme le sien. Justin Chon fait dorénavant partie d’une génération de cinéaste qui repense le cinéma d’Hollywood. Son travail sur la place des communautés, particulièrement celle de la Corée, est remarquable. Blue Bayou est un nouveau chapitre dans l’œuvre de Chon, cette fois-ci le réalisateur prête sa caméra à ces immigrés américains, nés sur le sol et qui pourtant se voient renvoyés dans un pays qu’ils ne connaissent pas. C’est l’absurdité d’une administration occidentale, d’une violence raciste sur ceux qui n’ont pas la chance d’avoir les parents qu’il faut, selon les autorités. C’est aussi un film sur le rapport de force entre un État qui se proclame première puissance mondiale et de ceux qui l’incarnent et qui subissent une répression terrible. Blue Bayou est un film bien trop rare, qui porte un sujet unique, peu traité aux États-Unis. Une œuvre riche et précieuse.