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Si ceux qui tiennent les rênes de la société se montrent capables de contrôler nos idées, ils sont à peu près assurés de conserver le pouvoir. Nul besoin de soldats dans les rues. Nous nous contrôlons nous mêmes. » HOWARD ZINN
En 1980 paraissait aux États Unis le livre de Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis, dans lequel il questionne les fondements de la nation américaine en écho aux premiers mots du préambule de la Constitution des États-Unis, « Nous, le Peuple » : de quel peuple écrit-on l'histoire ? « Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les chasseurs ». Le 15 avril 1945, Howard Zinn larguait les toutes nouvelles bombes au napalm sur Royan et découvrait que les gentils ne le sont pas forcément et que l'histoire est écrite du point de vue du pouvoir. Historien issu des classes populaires de Brooklyn, il va devenir « historien des lapins ». De ses souvenirs d’enfant de la « classe laborieuse » dans le New York des années 30 à l’élection de Barack Obama, l’œuvre de Howard Zinn mêle sa propre expérience et l’histoire populaire, une mémoire qui met sur le devant de la scène les acteurs oubliés de l’Histoire officielle et qui restera comme un modèle de référence pour les générations futures.
Son livre sera vendu à deux millions d'exemplaires aux États Unis, traduit dans de nombreuses langues, maintes fois réédité, adapté en bande dessinée, et aujourd'hui en film dans un projet ambitieux financé par souscription publique. Du pain et des roses est le premier volet d’une trilogie qui va parcourir l’histoire populaire des États-Unis à travers l’histoire personnelle extraordinaire de Howard Zinn, qu'Olivier Azam et Daniel Mermet ont eu la chance de rencontrer avant sa mort en 2010, suite à leur précédent documentaire, Chomsky et Cie.
Le premier volet parcourt l'histoire à partir de la première guerre d'indépendance jusqu'à la fin de la première guerre mondiale. Une part importante du film porte sur les luttes sociales de la première révolution industrielle au xixe siècle, qui furent très violentes aux États Unis. John D. Rockefeller, dont la fortune s'est faite grâce à l'argent public (trois fois la fortune de Bill Gates), et les autres « barons voleurs » (les 1%), possèdent alors 40% des richesses du pays.
Henry Clay Frick disait : « J'ai les moyens d'acheter la moitié de la classe ouvrière et lui demander de massacrer l'autre moitié. » Il passa à l'acte le 16 juillet 1892 à Homestead, engageant 300 agents Pinkerton, véritable milice patronale, pour tirer à la mitrailleuse sur les travailleurs en grève. Une lutte emblématique fut celle du 1er mai 1886 à Chicago, durant le mouvement pour la journée de huit heures qui s'étendait sur tout le pays. La plus grande des manifestations eut lieu devant les usines Mc Cormick, et la police tira dans la foule. Ces violences servirent de prétexte à une violente répression syndicale dans tout le pays, quatre militants syndicaux furent exécutés devant un public composé de grands patrons, appliquant la doctrine de Rockfeller : « Il ne faut pas leur laisser croire que la révolte peut marcher. ». La chanson Bread ans roses, qui donne son titre au premier volet, est celle de la grève de 1912 à Lawrence, dans la plus grande usine textile du pays, où les ouvriers soutenus par le syndicat IWW gagnèrent la lutte.
« Je veux qu’on se souvienne de moi comme de quelqu’un qui a donné aux gens des sentiments d’espoir et de pouvoir qu’ils n’avaient pas avant. » HOWARD ZINN