La Ruse

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Nous sommes en 1943. Les Alliés sont déterminés à briser l’emprise d’Hitler sur l’Europe occupée et à planifier un assaut total contre la Sicile ; mais ils sont confrontés à un défi impossible - comment protéger une force militaire d'invasion massive d'un potentiel massacre. Il appartient à deux remarquables officiers du renseignement, Ewen Montagu et Charles Cholmondeley, d’imaginer la stratégie de désinformation la plus inspirée et inattendue de la Seconde Guerre mondiale - centrée sur le plus improbable des agents secrets : un homme mort.

Vos commentaires et critiques :

 

Disons d’emblée que, pour ce film de guerre et d’espionnage haletant et facétieux, on avait une préférence pour le titre original, Operation Mincemeat, que l’on peut traduire littéralement par « Opération Chair à pâté », nom de code amusant choisi par ce sacré Churchill lui-même pour désigner une opération militaire très sérieuse et de haute envergure, qui fit basculer peut-être le cours de la Seconde Guerre Mondiale, et par là même celui de notre xxe siècle.
En 1943, les Alliés sont devant un défi de taille. Après leur victoire en Afrique du Nord face aux chars de Rommel, il leur faut réussir à reposer le pied sur le continent européen. Il semble trop tôt pour envisager le grand débarquement sur les rivages normands et il est décidé de commencer par les côtes méditerranéennes. Les Alliés hésitent entre la Grèce, pour couper l’approvisionnement des Nazis en nombre de matériaux importants, et l’Italie, que Churchill appelait à juste titre « le ventre mou de l’ennemi ». Ce sera précisément la Sicile qui sera choisie. Mais, petit hic, les Alliés savent que le comité d’accueil sera costaud et qu’ils risquent d’être vite décimés lors du débarquement. Comment affaiblir les défenses allemandes par une « ruse » (celle qui donne son titre français au film) abracadabrantesque, le genre de récit où le réel dépasse la fiction et qui nous fait nous écrier : « ne me dites pas que c’est vrai ! » ?
Deux officiers de l’intelligence service – le MI5 qui sera plus tard immortalisé par les aventures de James Bond –, Ewen Montagu et Charles Cholmondeley, proposent de parachuter dans les eaux espagnoles un cadavre doté de faux papiers d’officier et de faux courriers top secret accréditant l’idée d’un débarquement futur des alliés en Grèce. Sachant que l’Espagne est faussement neutre, et collabore en sous-main avec les services secrets allemands, il y a fort à parier que les documents finiront très vite entre les mains d’Hitler, qui pourrait croire à ce scénario. Malgré les ricanements de certains gradés, le plan séduit Churchill, le corps d’un malheureux mendiant, emporté par une intoxication dûe à la mort aux rats, est donc récupéré et l’opération est lancée.
La suite, on ne vous en dira rien, bien évidemment. Mais tout le récit est captivant bien que dépourvu des cascades, poursuites et autres rebondissements improbables qui sont l’ordinaire du déjà cité James Bond. Non, tout ici est très british, très feutré, et déroule le grand art de la manipulation autour d’une tasse de thé. John Madden, le réalisateur de ce bijou, n’est pas un perdreau de l’année du cinéma britannique puisqu’il est quand même le réalisateur de l’oscarisé Shakespeare in love et de la série des Indian Palace que vous avez largement plébiscitée dans nos salles. Alors intrigue filée à l’or fin, dialogues délicieux et même histoire d’amour so platonique sont au programme, avec pour le servir un Colin Firth au mieux de sa forme, dans un film produit par les artisans du Discours d’un Roi.
Au fait et pour le plaisir de l’anecdote : parmi les jeunes assistants du MI5 à l’origine de l’Opération Chair à Pâté, figurait un certain Ian Fleming, sans qui Sean Connery, Roger Moore, Pierce Brosnan et Daniel Craig n’auraient sans doute pas connu la même célébrité (j’oublie volontairement George Lazenby et Timothy Dalton, qui sont un peu passés à côté)…