Ennio Morricone, vous connaissez ? Oui, mais jusqu’à quel point ?
Le plus connu et reconnu des compositeurs de musique de films se dévoile dans un documentaire passionnant qui retrace chronologiquement la vie, le parcours musical et les grandes œuvres du Maestro. Sorti il y a quelques mois en Italie, le film a rencontré un succès phénoménal auprès des spectateurs, toutes générations confondues, curieux d’en apprendre plus sur l’homme (Ennio) derrière le chef d’orchestre et sur le compositeur (Morricone) derrière ses musiques devenues pour certaines des hymnes universels.
Alors on vous conseille vivement de préparer vos mouchoirs (qu’il ne faudra pas laisser par terre !) car vous risquez bien d’être, comme nous, submergés par l’émotion quand retentiront dans la salle les grands airs composés par Ennio Morricone : Le Bon, la Brute et le Truand, Il était une fois dans l’Ouest, Sacco et Vanzetti, Enquête sur un citoyen au-dessus de de tout soupçon, Le Grand silence, Mission, Cinema Paradiso, Les Moissons du ciel, 1900, Les Incorruptibles ou encore Il était une fois en Amérique… Cette liste est ridiculement parcellaire : Morricone est l’auteur de plus de 500 bandes originales pour le cinéma et la télévision, de plus de 100 œuvres classiques et a vendu plus de 70 millions de disques ! Un monument, un continent de la musique à lui tout seul.
C’est Ennio Morricone lui-même qui nous ouvre les portes de son appartement de Rome, là où, durant une grande partie de sa vie, il s’est enfermé pour écrire ses partitions légendaires. Puis c’est au tour d’artistes qui l’ont bien connu comme Clint Eastwood, Bernardo Bertolucci, Dario Argento, Roland Joffé, Quincy Jones ou Quentin Tarantino de témoigner de leurs souvenirs du compositeur. Pendant les cinq années du tournage d’Ennio, le réalisateur – qui était aussi son ami – Giuseppe Tornatore (Cinéma Paradiso, c’est lui) a donc voyagé à travers le monde pour interviewer plus de soixante-dix cinéastes et musiciens, réunissant des archives qui reconstituent par époque les différentes périodes de la vie de Morricone, choisissant minutieusement les meilleurs captations de ses concerts et autres extraits de films, embrassant ainsi une carrière qui s’étend sur plus de 70 ans.
Pas question de vous dévoiler ici la mine d’informations que recèle le film mais sachez que vous sortirez de la salle rassasié et étourdi par le récit du parcours artistique de ce génie. De son enfance dans les pas de son père, trompettiste dans des orchestres populaires de Rome, à son apprentissage théorique auprès des maîtres de la musique classique, en passant par ses attirances pour le jazz et la musique contemporaine avant de signer ses premiers contrats comme arrangeur des grands tubes de la variété italienne et d’amorcer sa carrière de compositeur de musique de films avec le western de Sergio Leone Pour une poignée de dollars, le documentaire montre un Morricone touche-à-tout, toujours en phase avec son époque, curieux de toutes les musiques et n’hésitant jamais à mélanger les styles musicaux. Summum de ces expérimentations, la partition à la fois « silencieuse et bruitiste » de presque 10 minutes qui ouvre Il était une fois dans l’Ouest avant que Charles Bronson, l’homme à l’harmonica, n’apparaisse dans la poussière d’un wagon de marchandises…
Un mot justement sur sa relation avec son « Frère d’Art » Sergio Leone, pour signaler les nombreuses images exceptionnelles qui ponctuent le documentaire, les montrant dans l’intimité de leur travail. Elles témoignent d’une osmose parfaite, chacun s’inspirant de la création de l’autre à tel point que le réalisateur demandait que soit diffusée sur le plateau, pendant les prises, la musique de Morricone.
Rassasiés à la sortie de la salle ? Finalement non, car la musique d’Ennio résonnera en chacun de nous pour l’éternité. Merci Maestro.