Da 5 Bloods : Frères de sang VOD

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L'histoire de quatre vétérans afro-américains qui retournent au Vietnam pour y retrouver la dépouille de leur chef et un hypothétique trésor enfoui.

Initialement prévu pour être présenté hors compétition au dernier festival de Cannes 2020 et suite à l'annulation du festival pour cause de pandémie, Da 5 Bloods est directement programmé sur Netflix et de ce fait ne bénéficiera pas de sortie en salles
  • Titre original : Da 5 Bloods
  • Fiche mise à jour le 21/06/2020
  • Année de production : 2020
  • Réalisé par : Spike Lee
  • Acteurs principaux : Delroy Lindo, Jonathan Majors, Clarke Peters
  • Date de sortie : 12 juin 2020 VOD
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Netflix
  • Distributeur international : Netflix
  • Durée : 155 minutes
  • Origine(s) : Etats-Unis
  • Genre(s) : Drame Guerre
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 1.33 / 2.39 scope / 1.85
  • Format son : 5.1
  • Visa d'exploitation : non renseigné
  • Indice Bdfci :
    66%

Vos commentaires et critiques :

Da 5 Bloods — Frères de sang était l’un des films les plus attendus de l’été. Spike Lee touche la cible avec ce drame de guerre enlevant, à cheval entre le passé et le présent, qui examine l’utilisation d’Afro-américains en première ligne de la guerre du Vietnam d’un angle sociopolitique tout en offrant un solide suspense causé par la fièvre de l’or.
L’entrée en matière, déjà, est puissante. Un montage d’images d’archives, couvrant une période allant de la fin des années 60 à la fin des années 70, indique comment les Afro-Américains ont été partie prenante de l’histoire de l’Amérique sans ne jamais être reconnus à leur juste valeur, malgré toutes les promesses qu’on leur a faites. Du témoignage de Muhammad Ali qui, en 1978, a expliqué pourquoi il avait refusé d’être conscrit, jusqu’à celui de Malcolm X, en passant par Angela Davis, qui met en garde le pays contre une dérive vers le fascisme, ce montage met en parallèle la tension sociale régnant à l’époque aux États-Unis et les horreurs de la guerre du Viêtnam. Le récit est poignant, tant il indique à quel point l’histoire ne fait que se répéter. Au son du classique Inner City Blues (Make Me Wanna Holler), de Marvin Gaye, dont les paroles résonnent plus que jamais, la transition est faite vers le présent entre les images de Saigon d’hier et de Hô Chi Minh-Ville aujourd’hui, fimé en 1.33 pour le passé et en scope pour aujourd’hui. Quatre vétérans afro-américains retournent sur les lieux où, il y a près de 50 ans, on les a obligés à mener une sale guerre dont ils ne comprenaient pas les enjeux. Le but de ce voyage est d’abord de retrouver la dépouille de leur chef bien aimé (Chadwick Boseman), mort au combat, afin qu’il puisse reposer au cimetière d’Arlington. Mais, et c’est là où le récit se révèle un peu moins inspiré, ils ont aussi traversé le Pacifique pour mettre la main sur des lingots d’or trouvés à l’époque dans les restes d’une carcasse d’avion américain. Les vétérans, qui ne l’ont pas eue facile lors de leur retour aux États-Unis, estiment qu’après tout ce qu’ils ont subi, l’Amérique leur doit bien ça. Cette partie qui raconte la chasse au trésor est filmée quant à elle en 1.85. Trois formats différents pour un seul film.
Formidable conteur, Spike Lee fait ici écho à l’indignation, la colère et la souffrance des Afro-Américains à travers le parcours de ces anciens soldats. Delroy Lindo, Clarke Peters, Norm Lewis et Isiah Whitlock Jr. livrent d’ailleurs de vibrantes performances, particulièrement Delroy Lindo. Ce dernier se glisse dans la peau d’un homme souffrant toujours d’un choc post-traumatique, seul dans le groupe à soutenir Donald Trump et à porter fièrement une casquette MAGA. Car, bien entendu, Da 5 Bloods est aussi un brûlot politique. Bien que tourné l’an dernier, ce film se révèle très pertinent dans la discussion sur le racisme systémique ayant cours présentement.
Le passé du Viêtnam est par ailleurs abordé par l’entremise d’une jeune Française (Mélanie Thierry) issue d’une famille ayant fait fortune dans les plantations de caoutchouc, impliquée dans une organisation de déminage. On sent que Lee s’est senti obligé d’aborder cet aspect de l’histoire du pays, sans trop vouloir s’y engager non plus. Dans un récit comportant de nombreuses ramifications, le cinéaste a eu la bonne idée de garder les mêmes comédiens, avec leur apparence d’aujourd’hui, même dans les scènes se déroulant dans le passé avec le jeune chef. Une façon de dire que le traumatisme vécu à l’époque reste toujours bien présent. Et lourd.
Le dernier acte, qui emprunte les allures d’un film d’action, est un peu surprenant, mais il n’altère en rien le propos percutant de Spike Lee.