Habitué à filmer des jeunes dans ses documentaires précédents, Philippe Lesage réussit haut la main le passage à la fiction en nous livrant un film accompli de bout en bout qui parvient à nous faire ressentir de fort belle manière les peurs enfouies d'un enfant fragilisé par l'incompréhensible océan de sauvagerie et de tromperie du monde des adultes. Utilisation des silences et des regards, absence de pathos et surtout, rejet de toute falsification de l'horreur dans une structure narrative aux accents pourtant fortement anxiogènes, sont les principales forces de ce film marqué par la grâce. Plans fixes - et bien souvent à hauteur d'enfant - lorsqu'il faut capter l'émotion, mouvements de caméras lents et souples pour mieux ressentir les tensions (le travelling de la scène de la piscine est un bijou), la palette de Lesage et de son équipe nous en offre beaucoup. Sans aucun doute le meilleur film québécois de l'année 2015.