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Ces dernières années, la Méditerranée est devenue le décor de nombreuses traversées funestes, soldées par des morts aussi regrettables qu’invisibles. En effet, qui sont-ils, ces aventuriers démunis dont la mémoire semble vouée à l’oubli ? Du Sahara à l’enclave espagnole de Melilla, des migrants disparaissent tous les jours sans laisser de traces, avant même de rejoindre la mer. Les « messagers » sont autant de témoins qui tentent de nommer la mort de ceux qui sont partis sans jamais arriver à destination, engloutis par des frontières qui s’avèrent à la fois géographiques et humaines.
Le premier long-métrage de Laetitia Tura (photographe) et Hélène Crouzillat (monteuse et réalisatrice) traite du sujet de l’immigration sous un angle original. S’intéressant aux migrants disparus en cours de chemin, dont la mémoire est évoquée à travers le regard des immigrés arrivés en France, Les Messagers souligne l’aspect tragique et inhumain de ce phénomène géopolitique. Présenté dans plusieurs festivals, le film entame une réflexion incontournable : quel est donc ce fantôme qui plane sur l’Europe des droits de l’homme ?