La Vie domestique TP

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Juliette n'était pas sûre de vouloir venir habiter dans cette banlieue résidentielle de la région parisienne. Les femmes ici ont toutes la quarantaine, des enfants à élever, des maisons à entretenir et des maris qui rentrent tard le soir. Elle est maintenant certaine de ne pas vouloir devenir comme elles. Aujourd'hui, Juliette attend une réponse pour un poste important dans une maison d'édition.
Un poste qui forcément changerait sa vie de tous les jours.
  • Titre original : La Vie domestique
  • Fiche mise à jour le 27/10/2013
  • Classification : Tous publics
  • Année de production : 2012
  • Réalisé par : Isabelle Czajka
  • D'après l'oeuvre originale de :
  • Acteurs principaux : Emmanuelle Devos, Julie Ferrier, Natacha Régnier
  • Date de sortie : 02 octobre 2013
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : non renseigné
  • Distributeur international : Ad Vitam
  • Durée : 97 minutes
  • Origine(s) : France
  • Genre(s) : Drame
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 2.39 scope
  • Format son : Dolby SR-SRD
  • Visa d'exploitation : non renseigné
  • Indice Bdfci :
    66%
  • 5,7/10
    (239 votes)
    Imdb
    2.5
    2,3/5
    (747 votes)
    Allociné
    2

Vos commentaires et critiques :

Muliette, Betty, Marianne et Inès, la quarantaine, n’ont pas l’air d’avoir une réelle conscience des droits des femmes, ou ont oublié, à part peut-être Juliette (Emmanuelle Devos, qui confirme l’étendue de son registre) : elle vient d’emménager, pas vraiment enthousiaste, dans cette banlieue résidentielle de la région parisienne avec son mari Thomas, proviseur de lycée (Laurent Poitrenaux, génial), et ses enfants et, dans la première séquence, elle meurt d’envie – mais n’en fait rien – de talocher le connard qui les a invités à dîner (un vendeur de matériel bureautique, fournisseur du lycée de Thomas), un type content de lui et de son canapé, qui balance des horreurs phallocrates et réactionnaires tout au long du repas… La scène est presque caricaturale, volontairement : elle donne le ton, elle place haut la barre du machisme ordinaire, de l’horreur banale, de l’aliénation subie voire consentie. La suite sera plus nuancée, plus subtile, l’épouvante planquée derrière les petites satisfactions de la vie petite bourgeoise, derrière les gentillesses, les sourires, les mamours, les manifestations de tendresse ou d’amitié, même sincères…
Elles ne semblent pas savoir ce que veut dire « être féministe », disais- je, parce qu’elles évoluent dans un environnement qui a tranché pour elle, où les rôles sont évidents : l’homme travaille, gagne l’argent du ménage, et rentre le soir – ou le week-end – , la femme est au foyer, s’occupe des enfants, des courses, se fait belle… Et tout ce petit monde s’applique à être heureux, à donner au moins tous les signes extérieurs du bonheur.
Mais il en faut peu pour comprendre que derrière les façades, les sourires et le bonheur affiché, l’angoisse, la déception, la frustration se disputent la place. C’est grâce à Juliette, en suivant ses mésaventures de femme en recherche d’emploi – elle attend une réponse pour un job dans l’édition, un poste qui changerait sa vie, elle en est persuadée – que petit à petit se lève le voile sur la face obscure de ces âmes féminines.
Tout ça pourrait être sombre, voire déprimant… mais Isabelle Czajka explore ces existences sur le ton de la satire douce-amère, avec cet humour caustique dont on parlait plus haut, mais avec beaucoup de délicatesse aussi, avec empathie, sans mépris ni jugement cassant… On suit les quatre femmes dans leur cuisine, au centre commercial, dans les cabines d’essayage, avec leurs enfants… leur mari. Quelques gestes, des regards, quelques paroles, scène après scène on découvre leur quotidien, on pénètre leurs pensées, leurs émotions, ce qui les meut, ce qui les angoisse, ce qui les entrave, et au fur et à mesure elles se révèlent émouvantes, attachantes…
Et prisonnières plus ou moins consentantes de cette vie domestique, de cette France résidentielle, aseptisée et consumériste, de cette classe moyenne supérieure qui se veut élégante et racée, qui se tue à reproduire l’harmonie conjugale et familiale mise en scène par les magazines. Le film nous entraîne ainsi vers une prise de conscience de nos conformismes, vers une réflexion sur nos modèles conjugaux, familiaux, sociaux, culturels, économiques, vers une remise en cause de nos comportements de tous les jours… Je dis bien « nos comportements », car il serait trop facile de se dédouaner, de se dire que nous ne sommes pas concernés, que nous sommes au-dessus de La vie domestique, ou à côté. Si le film est aussi réussi, et important, c’est justement parce qu’il nous tend un miroir à peine déformant. Ce serait stupide de faire semblant de ne pas s’y reconnaître…