Dans l’historiographie américaine, Antebellum désigne le Sud mythifié d’avant la guerre de Sécession. C’est dans ce décor que l’on découvre Eden, esclave dans une plantation, où l’on viole, exécute et brûle sans état d’âme. Visage contemporain d’Eden, Veronica est une brillante militante de la cause des minorités. Honnie des Blancs réactionnaires, elle est la cible de forces obscures.
La méga star de la soul Janelle Monáe incarne idéalement cette double facette de la "femme noire en colère", reliés par un dispositif glaçant qui concrétise le refoulé de la droite raciste américaine mais aussi européenne (voir la mise en scène en esclave de Danièle Obono dans Valeurs actuelles).
Antebellum partage avec Get Out et Us les mêmes producteurs et le statut de fable horrifique, bâtie sur un constat pertinent : "le passé ne meurt jamais" comme l’a écrit Faulkner, cité en incipit.
Au niveau métaphorique, la fin suggère la nécessaire mise à mort de ce passé réincarné. Mais la surenchère de violence qui l’accompagne prend aussi valeur de sinistre prophétie. D’un refoulé à l’autre : sur des prémices stimulantes, les auteurs ne bâtissent qu’un habile et expéditif revenge movie, alors que les rues américaines s’embrasent à nouveau.