Préjudice -12

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Lors d'un repas de famille, Cédric, la trentaine, vivant toujours chez ses parents, apprend que sa soeur attend un enfant. Alors que tout le monde se réjouit de cette nouvelle, elle provoque chez lui un ressentiment qui va se transformer en fureur. Il tente alors d'établir, aux yeux des autres, le préjudice dont il se sent victime depuis toujours. Entre non-dits et paranoïa, révolte et faux-semblants, jusqu'où une famille peut-elle aller pour préserver son équilibre ?

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Genre repas de famille

On se souvient du célèbre « familles, je vous hais ! » lancé en son temps par André Gide. Une formule passée largement de mode de nos jours au profit d'un retour en grâce du couple et de la famille dûment estampillés par Monsieur le Maire, voire même par la sainte Église, apostolique et romaine. Mais bonne année et bonne nouvelle aujourd'hui pour ceux qui, à l'instar de notre glorieux écrivain, ne kiffent pas trop cette infernale engeance. En effet on ne se souvient pas, en découvrant ce Préjudice, avoir été à pareille fête iconoclaste depuis longtemps et sans doute faut-il remonter assez loin pour retrouver un certain nombre de films tout aussi furieux tels que Fanny et Alexandre de Bergman, Festen de Winterberg, Théorème de Pasolini, Qui a peur de Virginia Woolf de Mike Nichols… ou d'autres de Pialat ou de Haneke… Aux commandes de ce fol engin, un réalisateur belge dont c'est le premier film et qui nous fait dégringoler à grande vitesse dans les tréfonds de l'âme humaine en compagnie de quelques acteurs de haut vol tels que Arno, le célèbre chanteur dans le rôle du père de famille, Nathalie Baye dans celui de la mère et surtout Thomas Blanchard, le cœur battant déchirant du film, incapable malgré sa souffrance de couler sa différence dans le moule des conventions. Tous les ingrédients d'une bonne et sympathique petite fête étaient pourtant réunis au programme de ces retrouvailles familiales : une séduisante maison de maître avec son parc majestueux, une belle table dressée sous les frondaisons à côté d'un barbecue auprès duquel s'affaire le pater familias. Une cuisine confortablement aménagée dans laquelle s'active la mère en compagnie de sa belle-fille. Autant d'harmonie et de bonheur paisible nous inviteraient presque à partager quelques instants avec cette gentille famille. Sauf que finit par flotter dans la conversation entre les deux femmes un « je ne sais quoi », comme disent les anglais dans notre langue, à propos d'un fils chéri qui tarde à arriver mais dont on croit deviner que la mère ne s'est jamais vraiment résolue à le partager avec une créature un peu trop exotique. Un coup de sonnette heureux interrompt tout à coup cet échange à fleurets très mouchetés entre les deux femmes alors que surgit fille et beau-fils, les bras chargés de bonnes bouteilles. L'imperceptible tension disparaît sous l'effet de la bonne humeur et de la convivialité un peu forcée d'un gendre qui paraît redouter comme la peste les climats de tension. Le malheureux sera servi alors que monte du sous-sol les coups sourds de la course sur tapis roulant du fils maudit, le vilain petit canard, celui qui bientôt sèmera le trouble par sa seule et inconfortable présence…