Comme Il Mattatore, Le Veuf appartient à la première salve des comédies réalisées par Dino Risi qui méritent d’être redécouverts tant elles sont emblématiques d’un cinéma italien d’une extraordinaire vitalité en même temps que révélateurs lucides et caustiques d’une société italienne en plein boom économique mais en plein marasme moral.
Porté par un Alberto Sordi génial, le film brosse le portrait d’Alberto Nardi, hommes d’affaires raté, constructeur d’ascenseurs qui ont la fâcheuse manie de se décrocher, baratineur inlassable qui finit tout de même par lasser les plus patients de ses interlocuteurs… Et le plus rageant pour Alberto c’est que, s’il est lui-même fauché comme les blés, il a sous la main une épouse pleine aux as, Elvira, rejetonne d’une famille de la très grande bourgeoisie. Le malheur, c’est qu’Elvira est loin d’être une imbécile et qu’elle sait depuis longtemps à quoi s’en tenir quant aux capacités entrepreneuriales de son lamentable époux, qu’elle méprise ouvertement. Résultat pratique : il ne faut pas compter sur elle pour mettre une lire dans les ascenseurs Nardi en chute libre…
Alors Alberto essaie de donner le change, plastronne, baratine, fait le vieux beau en entretenant une plate liaison avec une jeunette ravissante… Et quand il s’oublie, Alberto se laisse à espérer devenir veuf, donc riche héritier… Et c’est là que les circonstances vont lui jouer un sacré tour de cochon…