L'âcre parfum des immortelles s'appuie sur l'histoire personnelle de son réalisateur et atteint une dimension universelle. À travers le souvenir d'un amour de jeunesse, parti trop tôt, Jean-Pierre Thorn interroge son propre cinéma et son rapport à la révolution. La virtuosité du montage et l'articulation millimétrée des séquences d'archives avec des témoignages contemporains portent un bilan moral sur les luttes passées, duquel le film parvient à s'affranchir en les reliant aux combats d'aujourd'hui et aux raisons, toujours intimes, qui poussent chacun.e à agir pour un avenir meilleur. Au-delà de sa portée politique, le film est ambitieux dans sa forme et très poétique : par ses textes, illustrés sobrement à l'image pour laisser l'espace nécessaire au déploiement de l'imaginaire du spectateur et par les deux voix off, vibrantes, dont celle de Jean-Pierre Thorn lui-même. Le résultat est très émouvant et touche à quelque chose d'essentiel sur la nature de l'engagement.