La voie de la justice récemment, Queen & Slim aujourd’hui, deux films qui mettent en cause la justice américaine sur fond de racisme latent face à la violence policière qui envahit peu à peu les États-Unis jusqu’à nos contrées également. Ce drame politique et romantique, créé par deux femmes noires, met en vedette deux acteurs noirs et raconte la réalité des Afro-Américains face aux violences de l’État. Après un rancard Tinder sans étincelles, Slim (Daniel Kaluuya) raccompagne Queen (Jodie Turner-Smith) chez elle. Sur un boulevard désert de Cleveland, un policier hargneux les intercepte et procède à un contrôle routier. La scène dégénère rapidement. Au terme d’une séquence suffocante, Slim tue le policier dans un geste d’autodéfense. Le couple prend la fuite. Queen & Slim traite de la violence policière envers la communauté afro-américaine. Il traite de l’unité au sein de cette communauté, mais aussi de ses déchirements. Il traite aussi d’un amour entre un homme et une femme à la peau foncée. Un amour qui s’éveille au cours d’un exode vers l’exil les menant à sillonner des États-Unis déchirés, entre l’Ohio et la Floride. Queen & Slim est un film foncièrement politique. C’est ce que l’actrice Jodie Turner-Smith, qui fait ses débuts dans un rôle principal, a d’abord admiré du scénario quand elle l’a lu pour la première fois. Aussi, dit la Britannique, « il y a chez Queen une audace, une hardiesse différente de tous les autres personnages de femmes noires que j’ai vus. Et puis, il y a cette histoire tellement pertinente par rapport à ce qui se passe en ce moment en termes de violence de l’État, de déshumanisation… Je voulais faire partie de tout ça. »
Pour ce premier film, Turner-Smith a pu compter sur la force de Melina Matsoukas et Lena Waithe. Mais elle s’est surtout accrochée à son partenaire de jeu, Daniel Kaluuya (Get Out, Black Panther). C’est sur leurs épaules que tenait tout le film, eux qui sont de chaque scène. « Daniel m’a tenu la main », dit Jodie Turner-Smith, qui n’avait jamais eu de charge de travail aussi lourde ou de rôle aussi émotionnellement dense. « Tout ce qu’est Queen vient de l’énergie que Daniel m’a donnée pour travailler. ». Melina Matsoukas a signé un nombre vertigineux de vidéoclips. Réalisatrice attitrée de Beyoncé, elle a gagné un prix Grammy pour le clip de la chanson Formation (et un autre pour We Found Love, de Rihanna). Si ce n’était pas sa première occasion de tourner un film, Queen & Slim a été le premier scénario qu’elle a vraiment voulu réaliser. « Quand je l’ai lu, je l’ai trouvé provocant, beau, avec une magnifique histoire d’amour, mais aussi ce commentaire sur le climat racial dans lequel nous vivons, raconte la cinéaste à La Presse. Tous ces éléments m’ont attirée […], j’ai su que je pouvais donner vie à cette histoire. »