Comme dans l’Espagne de Grand’Rue, les jeunes gens étouffant dans le conformisme tardent à devenir des hommes. Le clan des pécheurs, plus occupé à courir les filles que le poisson, Mitos, frère de Marina, et Pavlos, tous s’unissent par un côté « vitelloni ». La chaleur du soleil, la beauté des collines et le bleu de la mer dispensent ces célibataires impénitents de tout souci. Quant au poids de leurs éventuelles fredaines et peut-être pour sa plus grande part, celui de l’existence, il repose sur les épaules féminines. A elles tout le déshonneur des amours clandestines, à elles le travail quotidien. Et si l’insouciance de ces grands enfants déclenche le drame, ce sont encore des enfants, mais des vrais ceux-là, qui le payeront de leur vie. N’est-il pas curieux de voir converger sous des climats et des formes fort diverses, les cris d’alarme de la femme sacrifiée à l’immaturité masculine que lancent les auteurs de La Fille en noir, de La Strada, de Grand’rue, de Marty, L’Equipée sauvage ou Picnic ! Le récit s’accorde parfaitement à l’évocation sociologique. II était facile de tomber dans le mélodrame, de juxtaposer sans lien des scènes descriptives et narratives, et le film y échappe. La grande beauté des extérieurs, celle des chœurs populaires renforcent l’unité de l’œuvre. Au centre du tout, la personnalité de la brune Ellie Lambeti, qui, mieux que la beauté, montre un admirable talent et sert de clef de voûte sans éclipser les autres interprètes.