Il a plu sur le grand paysage

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Au travers de la lutte des agriculteurs de l'est de la Belgique pour leur survie, "Il a plu sur le grand paysage" formule un poème cinématographique sur la Culture paysanne aujourd'hui menacée de disparition... Neuf agriculteurs nous disent ce qu'ils ont sur le coeur...
  • Titre original : Il a plu sur le grand paysage
  • Fiche mise à jour le 14/04/2014
  • Année de production : 2013
  • Réalisé par : Jean-Jacques Andrien
  • Date de sortie : 14 mai 2014
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Shellac
  • Distributeur international : Les Films de la Drève
  • Durée : 100 minutes
  • Origine(s) : Belgique
  • Genre(s) : Documentaire
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 1.85
  • Format son : Dolby SR
  • Visa d'exploitation : non renseigné
  • Indice Bdfci :
    66%
  • 3,4/5
    (7 votes)
    Allociné
    3

Vos commentaires et critiques :

La démarche de Jean-Jacques Andrien est tout à fait singulière et magnifique. Petit-fils d'agriculteurs de la région bocagère de Herve, coincée entre la Meuse, la périphérie de Liège, le Limbourg hollandais au Nord et la frontière allemande à l'Est, il avait réalisé en 1981 dans sa région natale Le grand paysage d'Alexis Droeven une superbe fiction sur les hésitations d'un jeune paysan partagé entre l'envie de reprendre la terre du père récemment disparu et le désir de construire une nouvelle vie loin de là. Plus de trente ans après, Jean-Jacques Andrien est revenu sur ces mêmes terres constater la crise et la souffrance de ces éleveurs laitiers. En 1981, ils étaient peu à peu passés d'une polyculture et d'un polyélevage à un élevage laitier exclusif, au service des grandes laiteries coopératives fournissant la grande distribution. Mais aujourd'hui la surproduction a fait s'effondrer les cours, malgré les tentatives de régulation de la Communauté Européenne, alors que les coûts de production (engrais, mazout des machines, nourritures animales) se sont envolés. D'où une paupérisation dramatique des éleveurs, déjà passablement endettés par la modernisation parfois absurde des exploitations. Et l'avenir est encore plus noir puisque, sous pression de l'OMC, la Communauté Européenne envisage à l'horizon 2015 de supprimer les quotas laitiers dans un contexte où la production des pays émergents va irrémédiablement entraîner une nouvelle chute des cours.

Jean-Jacques Andrien filme le désarroi et la colère de ces paysans, qui organisent la grève et le déversement de citernes de lait dans les champs, dans un ballet impressionnant de tracteurs. Il montre, à travers une rencontre avec un député européen à langue de bois bien pendue, à quel point la parole des paysans du mal à se faire entendre… Le cinéaste, lui, est à l'écoute, y compris des silences qui en disent long… Et en contrepoint, il nous offre des images d'une force peu commune (signées Yorgos Arvanitis, complice habituel d'Andrien mai aussi de Théo Angelopoulos…), au fil des saisons : paysages enneigés, vache égarée au milieu du bourg (c'est ce plan extraordinaire qui a été retenu pour l'affiche), visages ravagés par une lutte désespérée… Sur la musique puissante du compositeur Henryk Gorecki, le destin des paysans wallons semble alors une tragédie grecque.