Comme René Allio évoquant son grand-père marseillais dans L’Heure exquise, Robert Bober parvient ainsi à nous rendre proche et sensible le quotidien d’un homme modeste et pieux, d’un être qui n’aurait sans doute pas laissé de traces si son arrière-petit fils ne s’était soucié un jour d’en faire un personnage de film. Car c’est bien le film tout entier qui aspire à faire revivre, avec une tendresse infinie, ce que fut le passage sur terre de cet aïeul que Robert Bober n’a certes pu connaître, mais qu’il ne veut cependant pas oublier, ne serait-ce que par fidélité aux membres de sa famille qui disparurent dans la Shoah. « Etre juif, écrivait Victor Klagsbald, c’est être responsable de son ascendance, s’inscrire dans une généalogie. » Encore fallait-il relever cinématographiquement ce défi en allumant le chandelier « au bon endroit » et à bon escient.