Hautes terres

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Dans le Nordeste du Brésil, Vanilda et son mari Antonio, ainsi qu'une vingtaine d'autres familles de paysans obtiennent enfin une propriété après avoir passé quatre ans à lutter dans un campement avec le soutien du syndicat des sans-terres.
Tels les pionniers d'un Western ils entreprennent la lente construction d'une communauté agricole, armés de la force de leurs bras et de leurs espoirs, sur ce territoire hanté par la sécheresse
La gestion collective de la propriété et de ses ressources s'avère être une aventure plus exigeante encore que la conquête des terres. C'est cette force utopique que le film va regarder prendre pied dans l'épreuve d'une réalité désolée.
  • Titre original : Hautes terres (Skies and Lands)
  • Fiche mise à jour le 09/10/2014
  • Année de production : 2012
  • Réalisé par : Marie-Pierre Brêtas
  • Date de sortie : 15 octobre 2014
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Zeugma Films
  • Distributeur international : non renseigné
  • Durée : 89 minutes
  • Origine(s) : France
  • Genre(s) : Documentaire
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 1.77
  • Format son : Stéréo
  • Visa d'exploitation : 137938
  • Indice Bdfci :
    66%

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Autogestion

Hautes terres. Dans le Nordeste du Brésil, Vanilda, son compagnon Antonio et une vingtaine d’autres familles de paysans obtiennent un terrain, après quatre années de luttes, et avec le soutien du syndicat des Sans terre. Ce n’est pas leur propriété, c’est un territoire concédé, pour y vivre, le défricher et le cultiver… Un beau projet, mais la gestion collective des terres et des ressources s’avère plus complexe qu’il n’y paraît, notamment en ce qui concerne l’utilisation et le partage de l’eau et les pâturages.

Marie-Pierre Brêtas filme ici l’utopie sur le terrain et montre comment celle-ci se réalise, portée par la détermination de ceux et celles qui n’ont connu jusques là que l’exploitation au quotidien. Hautes Terres, c’est l’évolution d’une aventure humaine passionnante, sans pour autant ignorer les difficultés de la mise en place d’un projet commun. Les discussions du groupe font effectivement ressortir certains blocages et les attentes parfois irréconciliables de chacun et chacune. Construire une société rêvée, après des années de misère et d’exploitation, cela demande parfois presque de l’abnégation pour pouvoir accepter l’autre.

La discussion du projet autogéré se poursuit dans le film autour des éléments à prendre en compte : l’eau, le bétail, les mauvaises récoltes, de fait l’organisation du bien commun, la coordination des pratiques et la solidarité. « Fonder une communauté autogérée », ça n’est pas simple et cela exige des concessions. Après l’élan et l’enthousiasme du début durant le défrichement et la construction des maisons, la réussite de l’expérience passe alors par le vivre et le travailler ensemble sans patron, sans autorité. Et c’est tout un apprentissage.

La caméra de Marie-Pierre Brêtas se fait discrète, se glisse dans le quotidien, comme un élément invisible du paysage, un témoin accepté. Et le témoignage est exceptionnel ; on assiste à la genèse d’une utopie et à sa mise en œuvre. Dans la première moitié du film, la détermination des protagonistes est certainement le point essentiel : « Ce mouvement prenait vie non pas juste à travers des mots, mais dans l’intelligence de leurs gestes qui forgeaient la forme même de leur liberté ».

Sont ensuite porteuses de réflexions et de questionnements, les discussions, les dissensions, les altercations, les échanges de points de vue, au cœur même de la réalisation du projet commun. Par exemple : comment gérer collectivement les désaccords ? Néanmoins, les enthousiasmes, le partage, et même la frustration, qui se lit sur le visage de Vanilda après le vote à la majorité, ainsi que ses arguments développés avec ardeur, face à son contradicteur, tout cela évoque l’expérience des collectivités libertaires de la révolution espagnole de 1936 et 1937. Il faut se souvenir qu’à cette époque, les collectivités autogérées d’Aragon regroupaient 430 000 paysans et paysannes.

Dans Hautes Terres de Marie-Pierre Brêtas, on est dans une réalité qui dépasse de loin les problèmes d’un groupe spécifique, on rejoint effectivement une problématique universelle. Le film sort le 15 octobre, il faut le voir, car, comme le souligne la réalisatrice, « c’est sacrément intéressant de pouvoir assister à la création d’une communauté, d’une petite société ».