Heritage Fight

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Au cœur de la dernière contrée sauvage d'Australie, une communauté aborigène, les Goolarabooloo, doit faire face au projet d'implantation de la plus grande usine à gaz au monde soutenu par le gouvernement. Aborigènes et citoyens solidaires décident alors de s'unir pour défendre ce qui n'a pas de prix : une terre, une vision du monde et plus que tout, un héritage culturel. Commence alors un combat à l'issue inattendue…
  • Titre original : Heritage Fight
  • Fiche mise à jour le 07/10/2014
  • Année de production : 2012
  • Réalisé par : Eugénie Dumont
  • Date de sortie : 08 octobre 2014
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Docks 66
  • Distributeur international : non renseigné
  • Durée : 90 minutes
  • Origine(s) : France
  • Genre(s) : Documentaire
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 16/9 - 1.78
  • Format son : 5.1
  • Visa d'exploitation : 134774
  • Indice Bdfci :
    66%
  • 3,4/5
    (9 votes)
    Allociné
    3

Vos commentaires et critiques :

Le livre de Marlo Morgan « Message des hommes vrais au monde mutant… » a été le point de départ de la jeune réalisatrice Eugénie Dumont d’aller voir de près la situation des Aborigènes d'Australie de cette terre rouge du Kimberley: ainsi, il existait encore dans un coin de notre planète des zones où les hommes ont pu conserver leur culture à travers les millénaires, la protéger de toutes les agressions, à commencer par leur rapport sacré à la terre, hors de toute notion de propriété individuelle, une conception du temps et des rapports humains qui fait d'eux des gens heureux, très heureux et très peu envieux de toutes ces choses qui nous semblent tellement indispensables… Immergée pendant des mois au cœur sauvage de l'Australie, dans le clan des Gooparabooloo, visiblement apprivoisés par son envie de s'abreuver de leur philosophie de la vie et de leur sagesse, elle s'est retrouvée au cœur de leur lutte pour sauver leur territoire d'un projet dévastateur soutenu par le gouvernement australien : sur ces territoires vierges de toute agression humaine, une multinationale s'apprêtait à implanter la plus grande usine à gaz de la planète. La péninsule de Broome s'ouvre en effet sur un territoire aussi grand que la France, aussi sauvage que riche de ressources naturelles multiples, rien d'étonnant à ce qu'il ait fini par attirer l'attention des plus gros industriels.

Forte du lien d'amitié et des complicités établies avec les Gooparabooloo au fil des mois de repérage, la caméra d'Eugénie Dumont peut alors témoigner, de l'intérieur, de l'extraordinaire lutte d'une poignée d'humains contre une énorme multinationale. Comment ces citoyens va-nu-pieds ont fini, après des années de résistance, par renverser sans violence un projet de 45 milliards de dollars par la seule force de leur détermination collective et l'enracinement de leurs convictions… Leurs grands chefs spirituels le disent : si l'on veut rendre un rêve possible, il faut le rêver tous ensemble. A la différence de leurs ennemis, ils ne se battent pas contre quelque chose, mais pour ce rêve commun, ce qui est la source d'une force intarissable.

Pourtant l'affrontement est souvent violent et on voit bien que les policiers n'y vont pas de main morte lorsqu'ils délogent le mur humain qui s'oppose aux engins qui veulent entamer les travaux. La réalisatrice elle-même s'est retrouvée prise dans des confrontations auxquelles, toute à son rêve d'une société idéale, elle ne s'attendait pas, mais si son film n'ignore rien des difficultés et de la violence de l'affrontement, pas un instant elle n'oublie ce pourquoi elle est venue là, captant des moments d'une rare beauté, la plénitude de paysages que la mondialisation n'a pas encore dévastés, l'attitude confiante de ceux qu'elle filme, exprimée par les visages et les regards d'une profondeur rare.

Le choix des musiques est exceptionnel, entre classique et didgeridoo, il complète et accompagne, renforce le contraste entre les moments doux et ceux qui sont plus durs, mais nous immerge toujours plus dans ce petit microcosme où la force de l'esprit permet à David de gagner contre Goliath…

Woodside, c'est le nom de la multinationale, a fini par renoncer : les millions de dollars perdus ont fini par leur faire comprendre que rien n'entamerait la détermination de leur minuscule adversaire. Mais qu'en sera-t-il dans l'avenir ? Au regard des enjeux financiers, il y a peu de chance pour que les choses en restent là. La bataille juridique menée conjointement à la résistance sur le terrain a permis cette victoire, mais Colin Barnett, à la tête du Parlement de l'état dans lequel l'histoire se déroule, a fait modifier les lois pour qu'il soit possible à Woodside de revenir à la charge… Ces modifications sont des dérégulations du système et facilitent aujourd'hui la destruction d'autres territoires convoités par les industriels…