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Une généalogie de la colère
" Le temps de l’après-guerre est plus long que celui de la guerre " confie Fred Gusman, vétéran du Vietnam, fondateur en 2008 du Pathway Home, fondation accueillant les soldats atteints de syndrome de stress post-traumatique (PTSD). Durant cinq ans, Laurent Bécue-Renard a filmé douze des 2,6 millions de GI’s revenus d’Irak et d’Afghanistan. Engagés pour certains à 17 ans, ils ont découvert les horreurs de la guerre à 18. Traumatisés d’avoir tué ou vu tuer des copains, des enfants, des femmes, ils culpabilisent, accumulent les cauchemars. " Je ne trouve plus ma place " dit l’un. " Les gens voient le mal en moi " confie un autre, " On ne se remet jamais d’avoir tué quelqu’un " assène un dernier. La haine les ronge. Jusqu’aux brancardiers, malades d’avoir vu trop de cadavres. Il y a aussi les parents et les femmes, celles qui sont restées, bienfaisantes, luttant pour préserver leurs enfants du stress paternel. Ou cette scène bouleversante de mariage lorsque, quand le maire rappelle le devoir d’assistance jusques dans la maladie, April lève un regard amoureux vers David et " le jure ".
Tourné de 2008 à 2013, ce deuxième volet d’une trilogie intitulée Une généalogie de la colère est salutaire et poignant. La parole est aussi libératrice que lacérante quand elle rouvre les cicatrices. Et la " fin " en suspens entre ce convalescent qui se suicidera, cet autre enfin apaisé auprès de sa fille et ce troisième contemplant l’immuabilité d’une vallée vieille de cinq millions d’années d’Histoire.