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Thomas Sankara devient président de la Haute-Volta le 4 août 1983. Une année après, il marque définitivement l'histoire et l'identité de son pays en le rebaptisant Burkina Faso, littéralement la « terre des hommes intègres ». Bien au-delà des frontières de son pays, il a représenté un immense espoir pour une grande partie de la jeunesse africaine.
Sa politique d'affranchissement du Burkina Faso, qui promeut notamment l'autosuffisance de la nation sur le plan alimentaire, l'amène à prendre radicalement position contre toute forme d'influence impérialiste ou néocoloniale, et lui fait adopter un discours sans ambages à l'égard des puissants de son époque. Sankara tente de réformer en profondeur la société civile, qu'il considère comme encore figée sur le modèle féodal, en luttant contre les inégalités entre hommes et femmes, l'analphabétisme, la corruption, les privilèges des fonctionnaires… Mais en dépit des succès apparents et de la popularité de sa révolution, Sankara est contesté en coulisses. Il est brusquement assassiné le 15 octobre 1987 lors d'un coup d'État que l'on dit organisé par Blaise Compaoré, l'homme qu'il considérait comme son frère, actuel président du Burkina Faso.
À travers un montage d'archives rares méticuleusement rassemblées, le réalisateur Christophe Cupelin offre une vision complète de l'héritage intellectuel et politique de Sankara, et restitue fidèlement l'atypisme de ce chef d'Etat, percutant dans son action comme dans ses propos. Vingt-sept ans après sa disparition tragique et officiellement non élucidée, ce film donne enfin à voir et à entendre la parole de Thomas Sankara, l'un des plus importants leaders africains du XXe siècle.