3.5 | 4 | 3 |
Californie fin des années 70, mais ça pourrait être aujourd'hui tant ce genre d'histoire continue à provoquer débats et manifs… et si les héros du film font figure de précurseurs, on prend la mesure du chemin à parcourir. Même que Rudy et Paul auraient probablement de nos jours presque autant de difficultés à trouver soutien auprès de certains…
Rudy Donatello, c'est un beau mec qui gagne sa croûte en chantant dans une boîte de nuit, habillé en femme. Un boulot qui est aussi un plaisir, et pas seulement pour lui car il a un vrai talent, qui rencontre un joli succès, et il compte bien réussir à faire éditer ses chansons par un label. Un beau soir, un tout aussi bel avocat déboule et commence entre eux une histoire d'amour qui s'impose très vite comme une évidence, mais qui n'est certes pas toute simple : si du côté de Rudy, la liaison est parfaitement assumée, il n'est pas question pour Paul de faire savoir, dans le grand cabinet d'avocat où une belle carrière se dessine pour lui, qu'il est amoureux d'un garçon.
Rudy habite dans un coin pas très chic et sa voisine de palier est une furieuse allumée qui picole et se drogue, laissant souvent seul son gamin handicapé mental, qui trouve donc souvent refuge dans l'appartement d'en face. Le gamin, Marco qu'il s'appelle, est vraiment sympa et Rudy s'y attache de plus en plus. Le jour où la mère disparaît dans la nature puis se retrouve en taule, il le garde chez lui et, la relation avec Paul évoluant positivement, il vont finir par vivre tous les trois ensemble, et Marco est heureux comme jamais, trouvant enfin un équilibre grâce à l'affection de ces deux types peu ordinaires qu'il appelle tous les deux « papa »…
Tout va pour le mieux dans la meilleure des familles aimantes, jusqu'au jour où les services sociaux découvrent ce trio atypique et décident de s'en mêler alors qu'on ne leur a vraiment rien demandé… Commence alors un combat juridique pour adopter l'enfant, qui va conduire les deux hommes à affronter un système lourd de préjugés : la mère biologique existe et même si elle ne peut s'occuper de son fils, il est impensable de donner des droits à un couple d'homosexuels. Impensable aux yeux des parents de ses copains d'école, impensable pour les employeurs de Paul, impensable que deux hommes puissent se comporter tout simplement comme les meilleurs parents de la terre… Marco n'aurait-il pas d'autre alternative que de finir dans une institution spécialisée, dont il tentera illico de s'échapper dès la première tentative d'enfermement ?
Basé sur une histoire vraie, le film apporte sa pierre blanche dans un débat de société qui n'a pas fini de faire des remous et il est clair que le réalisateur en fait un plaidoyer pour une cause dans laquelle il s'implique personnellement. Ce qui rend le film particulièrement plaisant, c'est qu'il est ponctué des numéros d'Alan Cumming, qui n'est pas le premier venu dans le genre musical (il a fait un tabac dans « Cabaret » à Broadway) et a lui-même composé trois chansons pour la bande originale.