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Nous pénétrons dans l’univers de Terrence Malick grâce à une splendide combinaison de collages alliant le son à l’image, un long poème filmé, à la fois esthétique et souvent abstrait. Dans ce film de presque deux heures, Christian Bale interprète Rick, un scénariste hollywoodien qui connait le succès professionnel autant qu'avec les femmes, et semble en pleine crise de la quarantaine, cherchant un sens à sa vie. Assombri par la mort d'un de ses frères et englué dans un milieu superficiel, il est en pleine errance, cherchant des repères et une distraction dans la compagnie des femmes, dont son ex-épouse médecin), une top model, une stripteaseuse ou une jeune femme jouée par Natalie Portman.
«C'est l'histoire d'un homme dont les rêves et les désirs ont été satisfaits, mais qui éprouve un grand vide intérieur», a expliqué Christian Bale lors d'une conférence de presse, en l'absence de Terrence Malick, Ours d'or en 1999 pour La Ligne rouge, qui évite toute apparition publique.
«Il commence un voyage, une quête pour autre chose, mais il ne sait pas exactement quoi», a-t-il poursuivi. «C'est une histoire très universelle» car «cette idée d'une recherche de satisfaction, c'est quelque chose qui concerne tout le monde».
Construit en plusieurs parties, titrées du nom d'une carte de tarot, --»La Lune», «Le Frère», «L'Ermite» ou «La Tour», le titre du film lui-même signifiant «Chevalier de coupe»--, l'œuvre suit les déambulations de Rick, de fêtes hollywoodiennes avec champagne, starlettes et piscines en shootings de mode, des rues de Los Angeles aux longues plages californiennes, d'appartements luxueux à une retraite dans le désert où il tente de se ressourcer. Avec très peu de dialogues et une voix off omniprésente, sans intrigue, Knight of Cups s'appuie sur une succession d'images et de plans souvent très beaux, accompagnés par une musique enveloppante et répétitive, dans une narration non linéaire. Alternant les images de la vie de Rick et celles de la nature, pour mieux en souligner le contraste, le film est aussi accompagné comme d'habitude chez Terrence Malick par une voix off omniprésente, traduisant les pensées du héros ou des femmes qu'il rencontre, ou citant la Bible. On n’est pas loin de The Tree of Life. La nature et l'enfance apparaissent comme des havres de paix, des paradis perdus, que le héros, en crise dans un monde ultra-sophistiqué, cherche à retrouver. Un conte, raconté au début du film, accompagne de manière allégorique son histoire: l'histoire d'un prince, envoyé par son père pour chercher une perle, mais qui s'endort et oublie ce qu'il est venu chercher.
Le réalisateur de 71 ans, qui a donné quelques indications à ses acteurs, a cependant laissé une très large part à l'improvisation, ont-ils raconté.
«Il m'a juste donné la description du personnage», a expliqué Christian Bale, qui avait déjà joué avec Terrence Malick dans Le Nouveau Monde en 2005. «Il n'y avait pas de demandes de sa part, parce qu'il aime découvrir ce qui se passe» pendant le tournage, a-t-il ajouté.
«Nous avions parfois 30 pages par jour de suggestions pour le dialogue, dans lesquelles nous pouvions choisir», a raconté de son côté Natalie Portman, qui a confié avoir «toujours été une admiratrice» de Terrence Malick.
«Chaque jour était une quête de quelque chose de beau», a-t-elle ajouté. «Je me sentais très chanceuse de participer à ce travail».