Rockelé et Chloma, épris l'un de l'autre, ont échangé des serments d'amour. Mais le riche maître de Chloma, Matess, amoureux lui aussi de la belle juive, se rend à la synagogue, la veille du Sabbat, et demande à Reb Moische, père de Rockelé, la main de sa fille. Le père consent avec empressement et Rockelé, sachant bien que toute résistance serait vaine, obéit passivement. Le jour des fiançailles, suivant la tradition, on boit l'chaïm. Tous les convives se passent de main en main la coupe de vin généreux à laquelle les fiancés doivent tremper leurs lèvres, s'ils veulent vivre heureux et longtemps. Mais l'chaïm devait mentir à sa réputation car un an après leur mariage, le malheur s'introduit dans la maison de Matess avec Chloma qui vient conjurer celle qu'il aime toujours de s'enfuir avec lui. Rockelé hésite, une petite fille est née de son union. En désertant son foyer, elle sait qu'elle va faire le malheur de Matess qui l'aime tendrement et la comble de bienfaits. Mais sa raison ne peut rien contre l'entraînement de son cœur. Et, Rockelé, prenant sa fille dans ses bras, va rejoindre son amant dans la nuit. Matess, après un réveil d'homme heureux, s'aperçoit de la trahison dont il a été victime. Désespéré de la destruction de son foyer, il tombe de chute en chute, dans la misère et l'ivrognerie. Un jour, Rockelé vient le visiter avec son enfant. Il ne les reconnaît pas. Mais une lettre lui apprend, après leur départ, qu'il vient de voir celles qu'il pleure depuis de longues années. Le malheureux Matess, désormais sans espoir après cette entrevue, retombe dans une déchéance plus profonde et plus désespérée.