Summer

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Sangaile, jeune fille de 17 ans, passe l'été avec ses parents dans leur villa au bord d'un lac de Lituanie. Comme chaque année, Sangaïlé se rend au show aérien. Cette fois, elle y fait la connaissance d'Austé, une fille de son âge, aussi extravertie que Sangaile est timide et mal dans sa peau.
Une amitié va s'épanouir dans la sensualité de l'été...

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L'été, une période souvent décisive dans la vie de chaque adolescent : le temps des rencontres qui peuvent changer un destin, le temps des premières fois qui vous précipitent dans l'âge adulte, l'occasion de surmonter ou pas ses tabous et ses craintes, de chasser ou pas ses démons…

Summer, c'est l'été de Sangaïlé, une jeune fille de dix-sept ans qui a quitté la capitale lituanienne Vilnius pour un séjour dans la résidence secondaire familiale au cœur d'une belle région lacustre et forestière. Sangaïlé est une adolescente introvertie, voire tourmentée, un peu garçon manqué qui, comme certaines à son âge, se scarifie pour chasser son mal-être, et qui a du mal à exister entre ses deux parents brillants et riches. Mais elle semble habitée par une passion que l'on découvre dans une scène d'ouverture magnifique : les exploits des voltigeurs aériens, une spécialité qui fait la fierté de la Lituanie. Elle aimerait voler avec ces virtuoses qui virevoltent dans le ciel balte, mais elle souffre de vertige et n'ose pas franchir le pas.

Et puis survient Austé, employée pour la saison comme serveuse à la cantine de la centrale électrique voisine. Austé, ultra-féminine, à la limite de l'excès, qui rappelle les héroïnes hollywoodiennes des sixties, extravertie, déterminée, créative, qui imagine dans sa minuscule chambre de HLM des robes délirantes et réalise des photos qui le sont tout autant. Tout l'opposé de Sangaïlé, enfermée dans son corps et dans le carcan de ses angoisses. Peu à peu, tandis que se noue et se renforce une amitié de plus en plus amoureuse avec Austé, Sangaïlé va s'ouvrir, s'épanouir…

Alanté Kavaïté, réalisatrice lituanienne installée en France, décrit merveilleusement l'éveil des sens de son héroïne, notamment dans cette scène splendide où Sangaïlé doit se dénuder devant Austé pour que son amie puisse prendre les mesures de la robe qu'elle veut coudre pour elle. La description attentive des premiers effleurements, des premiers regards, de la tendresse bienveillante d'Austé qui fait mine de ne pas s'émouvoir des cicatrices de Sangaïlé est particulièrement bouleversante. Et les scènes suivantes sont au diapason, qui montrent très joliment l'amour naissant entre les deux filles. Les étonnants paysages lituaniens participent grandement au charme du film : les lacs qui semblent inchangés depuis la nuit des temps côtoient des installations industrielles fascinantes de laideur, héritées de l'époque soviétique, sous un ciel parcouru par les avions de voltige auxquels rêve Sangailé. Et la musique envoûtante de JB Dunckel de Air ne fait que renforcer la séduction étrange du film.

Tout est tellement beau, naturel et intelligent qu'on en finirait par oublier que nous sommes dans un pays extrêmement marqué par l'Eglise catholique, très homophobe, où les skinheads tentent d'empêcher toute tentative d'organisation de la Gay Pride annuelle. Mais Summer n'est en rien un plaidoyer pour une homosexualité assumée, c'est simplement et subtilement une observation très belle de la complexité des sentiments d'une jeune fille qui tente de trouver sa place face à des parents au passé brillant (sa mère est une ballerine célèbre cultivant le souvenir de sa gloire), qui affronte ses angoisses pour espérer vivre sa passion du ciel, qui découvre et assume son identité sexuelle ambivalente. Une grande petite histoire aérienne et romanesque, portée par deux jeunes actrices lumineuses.