Dans un temple Zen, « Tenzo » désigne la personne en charge des repas. C’est une des six fonctions prestigieuses du monastère, associée par ailleurs à l’enseignement d’autres aspects décisifs de la doctrine. On l’aura compris, à titrer ainsi son film, Katsuya Tomita place la cuisine, le soin, l’hospitalité, l’attention aux autres, plus largement la question de la communauté, au cœur de son projet. Fruit d’une commande émanant d’une association de bonzes, Tenzo choisit Chiken and Ryugyo, deux moines bouddhistes, pour protagonistes. L’un et l’autre ont été frappés dans leur activité par la catastrophe de Fukushima, l’un et l’autre ont décidé de se mettre au service de leurs compatriotes. L’un, Chiken, enseigne la pratique culinaire comme un art de vivre et consacre une partie de son temps à une ligne d’appels préventive au suicide. L’autre, Ryugyo, soutient à sa manière plus modeste et très pratique les victimes du séisme. La beauté du geste de Tomita tient au fait de ne rien fixer par avance : ni ses personnages, ni les situations, ni même la manière cinématographique, n’est stable. Tout est susceptible de bouger, d’émouvoir, mais aussi de faire preuve de liberté. Pédagogie discrète, zen peut-être, où c’est en définitive une véritable allégresse qui a le dessus.