Intolérance: l'amour à travers les âges
Aux accusations de racisme dont il fit l’objet pour Naissance d’une nation (1915), D. W. Griffith propose dès l’année suivante une réponse monumentale. Déployant quatre histoires en parallèle dénonçant l’intolérance au cours du temps, reliées entre elles par l’image allégorique d’une mère berçant son enfant, Intolérance est une grande fresque sur l’humanité prônant la paix et la tolérance. La simplicité de son propos (le « combat de l’amour à travers les âges » énoncé dans son sous-titre) résonne avec d’autant plus de force qu’elle s’oppose à la démesure des moyens employés (décors grandioses, figurants par milliers…). Bénéficiant du budget le plus important jamais alloué à une production de l’époque, le génie formel de Griffith trouve dans cette œuvre hors norme son expression la plus achevée, multipliant les innovations qui façonneront toute une partie du langage cinématographique par la suite : montages parallèle et alterné, succession de plans larges et de gros plans, travelling à la grue, utilisation expressive des teintes… Malgré une réception critique très élogieuse, le film connaît à sa sortie un échec commercial retentissant. Au fil des ans, Intolérance a été réhabilité. Un siècle après sa sortie, ce monument du patrimoine cinématographique mondial continue à étonner par sa forme audacieuse et à toucher par son message universel plus que jamais d’actualité.
Restauré en 2K par Cohen Film Collection au Modern Videofilm, à partir de deux contretypes négatifs 35 mm et une copie 35 mm.