Friedrich Wilhelm Plumpe est né à Bielefeld en 1888, au sein d’une famille issue de la petite bourgeoisie allemande. Après des études de philologie et d’histoire de l’art, il se tourne vers le théâtre et décide de suivre le metteur en scène Max Reinhardt en tournée. Il prend alors le nom de Murnau. Rapidement, il interprète plusieurs petits rôles sous la direction de Max Reinhardt puis se lance dans la mise en scène théâtrale. C’est au lendemain de la Première Guerre Mondiale, pour laquelle il a servi dans l’aviation, qu’il décide de se consacrer au cinéma.Il commence sa carrière de cinéaste avec des œuvres appartenant à la veine du romantisme allemand, dont Satanas ou L’Emeraude fatale. Très vite, sa personnalité s’affirme à travers un style tourmenté qui n’est pas sans rappeler l’expressionnisme pictural et poétique. Dès le début des années 20, grâce au soutien du producteur Erich Pommer, Murnau occupe une place importante dans le paysage cinématographique allemand, celle de chef de file de l’expressionisme allemand. Il réalise en effet plusieurs films considérés comme de véritables chefs-d’œuvre : Nosferatu, eine Symphonie des Grauens (Nosferatu le Vampire, 1922) qui le révèle au grand public, Der letzte Mann (Le Dernier des Hommes (1924) et Faust, eine deutsche Volkssage (Faust, une légende allemande, 1926). Nosferatu, inspiré du Dracula de Bram Stoker, est tourné en décor naturel, ce qui permet au cinéaste de mieux infiltrer le fantastique dans le réel. Pour Der letzte Mann, Murnau choisit de tourner en studio, afin de pouvoir explorer toutes les techniques cinématographiques. Le cinéaste attache une grande importance à l’esthétique du film, notamment à la lumière, domaine dans lequel il excelle avec le clair obscur, et le mouvement, qu’il sait mettre en valeur par le cadre et une rigueur plastique. Le film Faust renoue avec les grandes légendes germaniques, et interroge les rapports entre homme et divin. Ces films forts, se situant entre réalisme et fantastique, lui valent d’être remarqué par les studios de la Fox, qui le convient aux Etats-Unis en 1926. Il y réalise Sunrise (L’Aurore), film récompensé par l’Oscar de la Meilleure actrice (Janet Gaynor), de la photographie (Charles Roscher et Karl Struss) et du meilleur film pour la Fox. L’Aurore, qui s’attache à dépeindre des sentiments universels, est considéré comme le plus grand film de Murnau et également comme un des chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma. En 1928, Murnau réalise Four Devils (Les Quatres Diables) pour lequel la Fox utilise une fin alternative à celle du cinéaste, ainsi que Notre pain quotidien. Quand le cinéaste rompt son contrat avec le studio, ce film est remanié et renommé City Girl. Murnau quitte ensuite les Etats-Unis pour les mers du Sud, où il réalise en Polynésie un documentaire tourné uniquement en plan fixe, Tabou. Le film s’annonçant comme un succès, la Paramount propose aussitôt un contrat à Murnau. Lors de son retour en Amérique pour la première du film en 1933, Murnau est victime d’un accident de la route mortel.
Auteur de 21 films en 12 ans, Murnau a toujours été considéré comme un des plus grands réalisateurs qui a largement contribué à perfectionner le cinéma muet, et surtout comme un poète qui sut évoquer mieux que quiconque la fatalité, la relation entre l’homme, le divin et l’invisible, ainsi que le rapport entre la nature perdue et la civilisation moderne.