Né en 1921 dans une famille nantaise, il prépare St Cyr au lycée de Poitiers avant d'être appelé aux chantiers de jeunesse en 1941. L'année suivante, il est expulsé pour gaullisme. De retour dans la région de Nantes, il est convoqué par le S.T.O. pour aller travailler en Allemagne. Il ne s'y rend pas et comme tous les réfractaires, disparaît et va vivre dans la clandestinité, jusqu'à son engagement volontaire dans l'Armée de Libération. Il retourne à la vie civile en septembre 1945.
En 1946, il découvre un métier qui le passionnera pendant 50 ans : le cinéma. Denys de la Patellière réalise son premier film en 1955, " Les Aristocrates " avec Pierre Fresnay. Suivront notamment "Le salaire du pêché" avec Jeanne Moreau et Danielle Darrieux, ainsi que "Le bateau d'Emile" d'après le roman de Simenon, qui met à l'affiche le couple Girardot-Ventura sur des dialogues de Michel Audiard. Pour la première fois, l'ancien catcheur n'interprète pas le rôle de la brute épaisse et distributeur de bourres-pifs auquel il était jusqu'alors abonné. Le personnage d'Emile lui apporte indiscutablement une profondeur.
Avec "Les Grandes familles" en 1958, le réalisateur donne à Jean Gabin l'un des plus beaux rôles de sa carrière, le baron Noël Schoulder. Ce magnat qui dirige son empire économique en autocrate sera le premier de ses rôles de patriarche ("Le Cave se Rebiffe", "Mélodie en sous-sol" etc...). Pierre Brasseur, Bernard Blier et l'épatant Jean Dessailly complètent la distribution.
En 1961, le fameux et génial "Un Taxi pour Tobrouk" avec Lino Ventura et Charles Aznavour devient un classique du cinéma français, régulièrement diffusé à la télévision. Cette satire sur la stupidité de la guerre, dialoguée magistralement par Audiard, plonge le spectateur dans grande émotion, en particulier pour la fin malheureuse des valeureux militaires. En 1965, l'angoisse est palpable à l'écoute de la musique formidable de Georges Garvarentz composée pour "Du Rififi à Paname" avec Jean Gabin et Mireille Darc, dont le scénario assez habile rend le film plaisant et tient le spectateur en haleine. Il révèle le comédien Claudio Brook, engagé l'année suivante sur "La Grande Vadrouille".
En 1972, le réalisateur et Gabin se retrouvent pour "Le Tueur", un policier dans lequel le Commissaire Le Guen traque un serial-killer. Mais le grand acteur attire alors moins les foules dans les salles et le fruit de leur collaboration semble moins savoureux. Pénalisé par une baisse de régime auquel le spectateur n'était pas habitué, le film doit moins son mérite à la performance du comédien déjà fatigué et à son scénario un peu faible qu'aux dialogues de Pascal Jardin et à certains beaux plans de ce polar urbain.
A partir de 1975, le réalisateur travaille pour la télévision et met en scène, entre autres, plusieurs épisodes du commissaire Maigret avec Bruno Cremer, la série du Conte de Monte Cristo avec Jacques Weber et celle du Paria avec Charles Aznavour.
Denys de La Patellière a été scénariste ou adaptateur de tous ces films, les dialogues étant assurés par Roland Laudenbach, Pascal Jardin, Alphonse Boudard et bien entendu Michel Audiard. Bref, ce qu'il se faisait de mieux en leur temps !
En 2003, il publie son premier roman, "L'Enfant évanoui" aux éditions Mercure de France. En 2009, pour "Le Bateau d'Emile" tourné en Charente et pour l'ensemble de son oeuvre, il se voit décerner le Prix du Patrimoine par l'Académie de Saintonge. Un patrimoine artistique et cinématographique qui n'a probablement pas reçu - ces dernières années - la considération qu'il mérite. Fort heureusement, la plupart des films réalisés par Denys de La Patellière sont aujourd'hui édités en DVD et sont régulièrement diffusés à la télévision.
Denys de La Patellière est mort dimanche 21 juillet 2013 à Dinard, dans l'ouest de la France, à l'âge de 92 ans.