Le jeune Jackie Berroyer travaille comme dessinateur industriel, mais sa seule vraie passion est la musique. S'il ne fait pas carrière comme instrumentiste, il devient au milieu des années 70 rock critic à Charlie-Hebdo, et collabore également à Libération, Rock&Folk ou encore Actuel. Egalement écrivain, il publie en 1992 La Femme de Berroyer est plus belle que toi, connasse, qui fera l'objet d'une adaptation cinématographique sous le titre Tempête dans un verre d'eau.La plume caustique de Jackie Berroyer lui vaut d'être très sollicité, à partir des années 80, par les réalisateurs en quête de dialoguiste incisif. Il travaille alors avec les plus brillants francs-tireurs du cinéma français : Stévenin (Double messieurs, qui marque aussi sa première apparition à l'écran en 1986), Grandperret ou encore Bouchitey (Lune froide, d'après Bukowski). Il co-signe également Riens du tout, premier opus de Cédric Klapisch, mais c'est grâce à ses interventions loufoques de standardiste dans l'émission-phare de Canal +, Nulle part ailleurs, que ce touche-à -tout accède à la popularité au milieu des années 90.Sous ses airs de dilettante, Jackie Berroyer s'impose à la même période comme une figure marquante du jeune cinéma d'auteur : doux dingue dans Les Gens normaux n'ont rien d'exceptionnel de Laurence Ferreira Barbosa -qu'il a coécrit-, il se retrouve, à 50 ans, en haut de l'affiche. Dans Encore de Bonitzer (1996), il incarne ainsi un prof de philo maladroit et indécis, empêtré dans ses intrigues sentimentales, tandis que Christian Vincent lui offre l'année suivante un beau personnage d'humoriste désabusé dans Je ne vois pas ce qu'on me trouve. Héros de plusieurs premiers films (Caméléone), il apparaît également chez Chabrol, Mocky, et dans des comédies telles qu'Un indien dans la ville. Mais Berroyer devra attendre 2005 pour trouver un nouveau rôle à sa mesure : dans le thriller belge Calvaire, l'acteur qu'on appréciait pour son flegme et sa bonhomie ose une stupéfiante composition d'aubergiste psychopathe.